Film d’horreur psychologique réalisé par Trey Edward Shults, It Comes at Night nous conte l’histoire d’une famille qui tente de survivre à une pandémie mystérieuse. Le film débute fort avec l’arrivée d’un couple, Paul et Sarah et de leur fils Travis dans la maison de campagne de Bud, le père de la femme. Contaminé par le virus, vomissant un fluide noir visqueux, Bud est mis à mort par Paul devant les yeux de Travis, jeté dans une tombe puis brûlé afin d’éviter toute propagation. La famille se barricade et profite d’une soirée de répit avant qu’un inconnu ne se glisse dans la maison la nuit tombée. Intercepté et attaché à un arbre en dehors de l’habitation, Paul vérifie d’abord que l’étranger ne souffre d’aucun symptôme avant de lui faire subir un interrogatoire… Son nom est Will et il ignorait la maison habitée. Cherchant de quoi nourrir sa femme et Andrew, leur jeune fils, Will supplie Paul de lui laisser la vie sauve et lui céder de l’eau en échange de nourriture. Sarah propose alors d’inviter Will et sa famille, leurs poules et leurs chèvres, dans leur domaine de campagne. Les tensions s’accentuent, la peur d’être piégé·e ou encore contaminé·e grandit peu à peu dans la tête des parents de Travis, qui lui se raccroche au peu d’humanité restante dans cette situation hors du commun.
It Comes at Night oscille entre le thriller épidémique et des séquences de cauchemars découlant des angoisses de cet adolescent perturbé, voyant peu à peu le monde s’effondrer. Entre traumas et prémonitions, ces rêves le réveillent chaque nuit et Travis, lampe à la main, se faufile sous les combles pour écouter les discussions des deux couples. Tandis que ses propres parents ne parlent que de choses sombres et planifient la vie en communauté, Will et sa femme Kim rigolent et font l’amour, échanté·e·s de cette nouvelle vie qui s’annonce. On retrouve dans ce métrage les thématiques propres aux ambiances apocalyptiques : méfiance, survie, communauté et paranoïa. Paul, survivaliste par nécessité, cherche par dessus tout à protéger les membres de sa famille, quitte à renier son éthique. Particulièrement anxiogène, ce film balance son public au sein d’une inquiétude constante. Ici, l’horreur ne se définit pas par le gore, des scènes terrifiantes, ou par la matérialisation d’un danger concret mais bien par la peur qu’une menace invisible et inconnue peut provoquer sur une communauté humaine. Dans le même style que The Witch, c’est bien cette anxiété qui désolidarise, qui éloigne les membres et qui finit par tuer davantage que le virus en lui-même. Les parents de Travis, si occupés à planifier leur vie et à protéger leur fils d’une contagion dont on ne sait finalement peu de choses, oublient de « vivre » et de laisser vivre les autres. Cette crainte omniprésente couplée à des événements nocturnes étranges rendent It Comes at Night totalement oppressant. Une asphyxie généralisée, à l’instar du masque anti-virus, qui hante à la fois le public et les protagonistes du film.
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