Année de Les Misérables (réalisé par Raymond Bernard) mais aussi du film d’animation de Walt Disney et Wilfred Jackson La Cigale et la fourmi, 1934 est également une année aux films de genre aussi étranges qu’originaux. Et tandis qu’au Japon, Ozu sort son Histoire d’herbes flottantes, le public découvre une Marlene Dietrich en Catherine II dans L’Impératrice rouge de Josef von Sternberg.
The Phantom of the Convent aka El Fantasma del convento (Fernando de Fuentes, 1934)
Le Fantôme du couvent (El Fantasma del convento en version originale), réalisé par Fernando De Fuentes est ce que l’on peut nommer un film classique mais pas dans le sens premier du terme… Ici, le classicisme se fait par rapport à l’histoire et au traitement de celle-ci.
Cristina et son amoureux Edouardo se perdent avec un de leur ami, Fernando, et aboutissent près d’un ancien couvent abandonné. Abandonné ? Pas si sûr car un homme étrange, accompagné de son chien, du curieux nom de Ombre, les invite à se rendre dans le bâtiment pour y être hébergé·e·s pour la nuit par la confrérie y résidant. Une nuit étrange les attendent.
L’histoire est on ne peut plus basique et sera reprise par la suite à de multiples reprises en divers lieux (château, maison, etc…) mais dans El Fantasma del convento, le lieu importe peu car c’est l’ambiance qui compte. Flirtant avec le mystère et l’angoisse, Fernando De Fuentes nous plonge dans un cauchemar (ou une réalité ?) qui laisse le public s’interroger sur les évènements. Le jeu du casting peut paraître faible et monotone mais le tout est rattrapé par une atmosphère lugubre. Les personnages se perdront dans ce couvent aux allures de labyrinthe, des hurlements sinistres se feront entendre et des légendes maudites complèteront le tableau.
Un an avant, La Llorona avait quelque peu déçu mais Le Fantôme du couvent rattrape le coche et nous propose un agréable moment de frissons, preuve s’il en est que le cinéma mexicain, quelquefois et même souvent oublié, possède de véritables petites perles d’épouvante.
Maniac aka Sex Maniac (Dwain Esper, 1934)
Véritable ovni et surtout… véritable navet peut être le terme exact pour ce métrage réalisé par Dwain Esper. Un savant fou (mais iels le sont tou·te·s en vérité dans le cinéma) tente de faire revivre les mort·e·s pour on ne sait quelles raisons. Son assistant, un ancien imitateur, s’insurge contre les pratiques de son patron. Mais ce dernier lui propose de se suicider pour ensuite le ramener à la vie. Mais l’assistant ne l’entendra pas de cette façon et tuera le savant.
D’après ce postulat simpliste, nous auront droit à tout un éventail des différentes pathologies psychiatriques existantes. La paranoïa, le dédoublement de la personnalité, la psychose et bien d’autres seront étalés sous formes de cartons explicatifs au yeux du public. La réalisation, plate et terne, est accentuée par un casting cabotinant à fond les manettes, rendant le tout presque indigeste.
Le réalisateur dissémine deux références à l’écrivain Edgar Allan Poe aux travers d’un dialogue parlant de Double Assassinat dans la rue Morgue et une séquence reprenant l’histoire Le Chat noir. Mais cette dernière ne s’intègre absolument pas dans la trame du récit, la rendant complètement inutile.
Maniac est tout au plus un film à voir une fois. À noter, pour le lectorat, que les sélections par années ne feront pas que la part belle aux œuvres connus mais intègreront aussi des film oubliés ou méconnus, ainsi que les très mauvais.
Der Herr der Welt aka Les Travailleurs sans âme (Harry Piel, 1934)
Harry Piel nous délivre en cette année 1934 un brûlot sur le capitalisme et sur la prochaine guerre mondiale à venir. Heller, un chef d’entreprise dirigeant une mine en Allemagne, est secondé dans sa tâche par le professeur Wolf, un savant fou et mégalomaniaque ayant construit un robot géant, future arme de guerre pour dominer le monde. Heller, lui, est un idéaliste, imaginant que les robots aideront la classe ouvrière dans les tâches les plus dures et ingrates.
Pamphlet sur le capitalisme d’abord car Heller pense pouvoir adoucir la vie des gens grâce à ses machines mais la réalité industrielle prendra le dessus car qui dit main-d’œuvre infatigable et non rémunérée, pourquoi s’embêter à garder des humain·e·s qu’il faut payer, qui peuvent tomber malade ou se mettre en grève ?
Mais ce film est aussi annonciateur de la Seconde Guerre mondiale, avec ce professeur Wolf créant une arme de destruction massive à la seule fin d’assouvir sa soif de pouvoir et de conquête. Tous ses plans seront contrecarrés par la femme de Heller et un ingénieur des mines du nom de Baumann. Simpliste dans sa réalisation, n’en demeure une œuvre forte aux thématiques malheureusement encore d’actualité aujourd’hui.
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