Archivi gialli I

La Mort a pondu un œuf

Mort après mort, elle collecte les âmes sans jamais s’arrêter. Pas une minute de repos, enfermée dans une routine qui alimente une lassitude sans cesse grandissante. Mais aujourd’hui c’est la fin, une dernière récolte et elle sera libérée de son fardeau, la Mort pourra enfin profiter d’une éternité de repos bien mérité. Pour la première fois, c’est avec le sourire qu’elle fauche une vie et elle voit déjà au loin la lumière blanche qui l’appelle. Mais comme toute Mort avant elle, il lui reste une dernière chose à faire. Elle sent son corps qui se déchire, hurle pour supporter la douleur et pendant de longues minutes elle s’implore elle-même d’abréger ses souffrances. Elle relève son voile pour découvrir, entre ses pieds, l’œuf qu’elle vient de pondre. Son corps est attiré vers la lumière, ce corps libéré de toute corruption. En s’éloignant son regard reste fixé sur l’œuf qui s’ouvre et laisse apparaître un être en tout point similaire à elle. Une nouvelle Mort commence sa funeste mission et celle-ci ne manque pas d’envie, elle veut remplir son quota au plus vite… nous sommes en 1346, la peste noire est née.


La Poupée de Satan

Je suis Satan, éternel Seigneur des enfers, je vis dans un monde de tortures et de cris permanents. Par ma volonté je peux augmenter ou réduire l’intensité des douleurs afin de faire varier la puissance des hurlements et profiter de l’affaiblissement du bruit ambiant pour créer de nouvelles tortures. Chaque jour je me présente en personne aux nouveaux arrivants, chaque être sans exception passe par ici, que ce soit pour une heure ou une éternité selon la gravité de leurs péchés. Ils débarquent avec les vêtements et les objets qu’ils tenaient au moment de leur mort. La première chose à faire est de les débarrasser de leurs possessions pour les jeter dans les flammes éternelles. Un jour, une petite fille est arrivée en tenant dans ses mains une poupée, vieille et à moitié défigurée. Elle n’avait, à première vue, rien de spécial mais il émanait d’elle une aura qui m’a attiré et j’ai décidé de la garder pour moi. J’ai réparé cette poupée et l’ai assise dans un petit trône en pierre, elle est devenue ma confidente, mon amie et la seule touche de couleur dans mes appartements. J’ai toujours un sourire quand je croise son regard mais un jour plus de sourire, plus de poupée, juste une colère, la plus intense que j’ai connue. Durant des jours j’ai essayé de faire hurler mon monde aussi fort que possible sans arriver à égaler mon niveau de colère. Où est-elle ? Quelqu’un l’a volé ? En cet instant, j’ai touché du doigt la douleur de l’enfer. Je passe tout le temps devant son trône vide et mon regard ne peut s’empêcher de chercher le sien. Dans un énième balayage des yeux je la vois, assise dans son trône, comme si de rien n’était, elle est revenue et mon sourire aussi. Que s’est-il passé ? Peu importe, elle est là. Je l’attrape et pour la première fois je la serre dans mes bras… pour la première fois je sens son cœur qui bat.


La Fille qui en savait trop

J’ai passé des années à observer et à apprendre, de faible victime à formidable assistante au service de mon bourreau. Il y a du génie dans son œuvre, il peut faire hurler les personnes les plus résistantes et se débarrasser des preuves comme personne. Après des années à son contact, à suivre l’actualité, je suis étonnée du peu de morceaux qui ont été découverts car en comparaison le nombre de ses victimes est astronomique. Tout ce temps d’activité laisse fatalement des preuves malgré tout et depuis quelques jours un portrait robot étrangement ressemblant circule dans le pays et nous avons donc commencé à détruire toutes les preuves et nous sommes très efficaces. Un dernier coup de balai et il ne restera plus rien… « il ne reste que toi » ce sont les derniers mots que j’ai entendus pendant qu’il m’étranglait avec une corde. Une dernière erreur. À son contact j’ai tout appris pourtant il ne pensait pas m’avoir appris à me défendre et encore moins à tuer. De maître adoré à première victime, il serait si fier de moi et de voir que son œuvre perdure.


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :