Les Bouchers verts, une comédie horrifique à point

Anders Thomas Jensen montre depuis maintenant plusieurs années qu’il est un réalisateur accompli, qui est capable de réaliser des œuvres aux thématiques variées et à la portée émotionnelle forte, tout en divertissant un public large. Avec Les Bouchers verts, notre cinéaste met toute son âme dans une comédie noire aussi bouleversante qu’hilarante. Avec un casting aux petits oignons porté par le divin Mads Mikkelsen qui ici nous montre comment le cinéma peut vieillir le plus jeune des hommes avec une calvitie, et Nikolaj Lie Kaas, incarnant un apprenti boucher rebelle, abimé par la vie et les tragédies familiales. N’oublions pas également de mentionner Ole Thesthrup, qui impose son charisme de manière ponctuelle à chacune de ses apparitions à l’écran (ceux et celles ayant regardé la série Borgen sauront de quoi je veux parler).

Si Les Bouchers verts  se veut avant tout une comédie horrifique, sa principale caractéristique est justement de ne s’imposer aucune règle stricte. Thomas Jensen fait le choix d’une réalisation assez classique, où les plans de caméra fixe dominent le long-métrage, toutefois il insuffle à chaque plan une justesse narrative et émotionnelle non négligeable. L’ensemble des protagonistes portés par un duo d’acteurs investi au maximum, se révèle ainsi comme le point le plus fort du film. La psychologie de chacun est développée avec parcimonie mais précision, conférent à notre petite comédie horrifique des petits airs de drame réaliste. Les fans de viande seront surtout les plus trahi·e·s au visionnage de ce film. Où est l’hémoglobine qui coule à flots ? Ou est le découpage intensif de membres et les hurlements ??? Eh bien le choix de la violence n’est pas le maître mot de notre cinéaste danois, l’accent est plutôt mis sur le côté burlesque des quelques meurtres parsemant notre cher long-métrage.

Ce choix artistique laisse ainsi l’occasion de développer de manière plus conséquente la partie psychologique du film. Loin de dépeindre de manière reluisante de simples héros en quête de succès, Thomas Jensen choisi de montrer deux anti-héros brisés par les vicissitudes de la vie. Mads Mikkelsen nous dévoile un Svend détruit par le harcèlement quotidien, qui a perdu le contrôle de sa vie et qui est prêt à tout pour que les gens lui adressent un simple sourire. De l’autre côté, Nikolaj Lie Kaas incarne parfaitement l’élément le plus turbulent mais le plus mature de toute l’œuvre, il s’agit d’un jeune garçon hanté par son passé et qui cherche à tout pris à mener une vie décente.

La performance passionnée de Nikolaj tend au fur et à mesure à quasiment éclipser le personnage de Svend qui ne se contente plus que de jouer le second rôle dans les 20 dernières minutes. Un changement dans les rapports de force se fait donc, une évolution narrative efficace permet ainsi de transformer ce qui était annoncé comme une boucherie burlesque, en une profonde réflexion social teinté d’un humour noir jouissif. Vous l’aurez compris, ce qui fait la force du cinéma de Anders Thomas Jensen, c’est de proposer des concepts qu’il détourne ensuite au travers d’une écriture scénaristique très fine, d’une mise en scène discrète qui va à l’essentiel, et de personnages complexes qui abordent chacun une évolution qui leur sont propres

Il y’a donc dans Les Bouchers verts une dimension profondément humaine qui fait de cette « comédie horrifique » une perle que j’invite à découvrir pour les fanatiques de la carrière de Mads Mikkelsen et pour les férus de cinéma danois. Le film est à retrouver sur Shadowz, pour le bonheur des aficionados de la première plateforme de Screaming.


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