Attention, attention, fans de l’étrange et du macabre, votre seigneur se remet à utiliser sa plus belle plume pour vous présenter cette fois un évènement majeur du cinéma qui se déroule au sein de la capitale des Alpes, je parle bien entendu du Maudit Festival. Pendant 7 jours, les mordu·e·s de cinéma de genre ont pu se retrouver afin de partager leur passion commune pour le sang, la tripaille et les hurlements de douleur. Véritable institution, car il faut le reconnaitre : le Maudit Festival existe depuis bien longtemps, l’aventure débute en 2008 avec l’initiative de Karel Quistrebert, qui souhaite « mettre en lumière à Grenoble cet univers cinématographique mal aimé et méconnu aux innombrables facettes ». La première édition a lieu en 2009 et au fur et à mesure des rendez-vous, le public se fait de plus en plus nombreux si bien qu’aujourd’hui on peut aisément dire que la Maudit Festival a réussi à s’imposer au sein de la métropole grenobloise. Après quelques difficultés liées à la pandémie, le festival est de retour pour notre plus grand plaisir ! Cette édition fut l’occasion comme à l’habitude de nous partager des œuvres emblématiques, marquantes, rares, et d’une beauté ainsi que d’une violence peu commune, un bon moment de passion et de bonne humeur avec un public qui sait faire vivre son cinéma et entretenir son régal pour les yeux. L’agréable particularité du Maudit Festival, qui vient rajouter un peu de piquant dans la programmation réside justement dans l’organisation thématique de ses différentes soirées. En outre à chaque jour, son petit focus en particulier : séance ciné-club, soirée Art House, la soirée où tout peut arriver, séance découverte, séance de minuit, soirée Grindhouse, bref vous l’aurez compris il y’en a pour tous les goûts, de quoi ravir les plus pointilleux·ses !

Présentation du film « Mais ne nous délivrez pas du mal »
Crédit photo : Maudit Festival Grenoble
J’ai eu la chance de pouvoir assister à une bonne partie de ce festival, et je dois dire que je fus enchanté de la programmation de cette année, il faut dire que la séance d’ouverture commence sous les meilleurs hospices avec un film de Brian de Palma, Sœur de sang (1973) qui, s’il n’est pas le long-métrage le plus connu du réalisateur, reste un hommage vibrant à Hitchcock avec ses airs de Fenêtre sur cour. Pour cette première séance, le public fut assez nombreux afin de découvrir ou bien de revoir ce diamant noir. C’est avec grand regret que je n’ai malheureusement pas pu assister à la séance du mercredi, mais j’ai tout de même pu rattraper mon chagrin sur les deux excellentes séances du jeudi soir. Le cinéma français fut à l’honneur avec le sulfureux Mais ne nous délivrez pas du mal (1971) de Joel Seria et le très provocateur Baise-moi de Virginie Despentes. Deux films chocs en une soirée, voilà de quoi ravir les fans de cinéma extrême, ce qui fut le cas avec un public toujours aussi nombreux et très friand de ce genre d’expérience, les réactions de la salle allèrent de la stupéfaction au profond respect, face à deux œuvres qui ont marqué le paysage cinématographique français. La soirée fut animée par deux jeunes artistes du cinéma de genre, à savoir Rock Brenner et Emma Chevalier, qui nous ont éclairé de leur savoir.
Qui dit vendredi, dit soirée hongkongaise (oui bon ça ne rime pas) et ce fut l’occasion d’osciller entre le déjà-vu et la nouveauté ! Je tiens à dire déjà que ce fut une soirée mémorable, j’ai rarement vu un public aussi bon enfant et de bon humeur afin de passer une bonne soirée cinéma ! La salle fut pratiquement remplie, ce qui fait plaisir quand on voit la fréquentation des salles obscures qui augmentent à nouveau de manière progressive certes, mais qui fut longtemps au point mort. Pour cette soirée, le public a pu redécouvrir Infernal Affairs (Andrew Lau et Alan Mak, 2002), le fameux thriller psychologique ayant inspiré Les Infiltrés aka The Departed (2006) de Martin Scorsese, et quel plaisir ce fut de revoir un tel film à la tension rarement égalée ! La soirée continua avec un film en avant-première sur le grand écran en France : A Hero Never Dies (Johnnie To, 1998). Un film de triade profondément noir et pessimiste à la profondeur politique et humaine importante, qui cache dans sa robe de sang, une ode à la liberté étouffée. Le samedi est généralement signe de repos après une dure semaine de travail, quoi de mieux pour se détendre que d’aller la soirée Grindhouse organisée par le Maudit Festival ? Comme au bon vieux temps comme dirait les boomers, le film vous propose deux séances pour le prix d’une ! Au programme, de la tripaille et de l’hémoglobine à foison, avec Demoni de Lamberto Bava, film totalement baroque dans sa réalisation trop ambitieuse qui fait de ce long-métrage une véritable perle de cinéma bis qui a ravi nombre de spectateurs et spectatrices qui au passage furent aussi nombreux·ses que le vendredi soir. La suite de la soirée laissa la place au très controversé Basket Case, qui malgré son côté cheap montre que l’on peut réaliser un bon trip horrifique pour 35000 dollars ! La soirée fut animée par Aurélie Dos Santos (collaboratrice pour divers magazines tels que Frenetic Arts et Fantastic Zone) et fut parrainée par Shadowz qui a organisé plusieurs quizz pour tenter de faire gagner plusieurs lots dont des abonnements à la plateforme de screaming.
Et comme on dit de coutume, on garde le meilleur pour la fin étant donné que la séance de clôture fut placée sous les hospices du cinéma documentaire, au travers de The Ballad of Genesis and Lady Jaye. Ode aux freaks, à la pandrogynie mais également à la musique expérimentale et industrielle, ce documentaire est un témoignage puissant de la culture underground, mais aussi un moyen de remettre en question les normes genrées de notre société. The Ballad of Genesis and Lady Jaye est une invitation à transcender son esprit et son corps. En bref, le Maudit Festival est un rendez-vous incontournable pour tou·te·s les cinéphiles et les amoureux·ses de cinéma sulfureux et tranchant, en plus des films le festival fut l’occasion de rencontrer plusieurs passionné·e·s et d’échanger avec iels. Notons également l’implication de toute l’équipe et des bénévoles qui ont apporté un certain confort à chaque soirée, un entracte pour se restaurer et échanger sur la séance fut souvent proposé, permettant ainsi d’apporter une convivialité très chaleureuse à cet évènement. Enfin le Maudit Festival a proposé tout le long de son édition un ensemble de produits dérivés très sympathiques, que ce soit des anciennes revues de cinéma, des DVD, des affiches de films ou bien des pins à des prix tout à fait abordable, de quoi repartir avec un joli souvenir !


Aperçu de la boutique du festival !
Crédit photo : Maudit Festival Grenoble
« Soeurs de sang », « Infernal Affairs », très beau programme !
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