Leaving D.C. : The King of comedy

Débarquant en France plus de dix ans après son tournage datant de 2012, Leaving D.C., réalisé par Josh Criss, investit le cadre du found footage pour nous proposer un pur film de trouille, efficace, concis, angoissant. Un pur film de trouille donc, mais pas que.

Mark Klein, interprété par Josh Criss lui-même, décide de quitter sa ville de Washington, qu’il ne supporte plus, pour aller vivre dans une maison isolée au milieu d’une forêt de Virginie occidentale. Ici, il pourra enfin être au calme, loin du tumulte de la ville, de ses bruits incessants et de sa foule grouillante. Sauf que sur place, les choses ne vont évidemment pas se passer comme prévues, notre protagoniste n’allant pas tarder à entendre d’étranges bruits et à assister à des phénomènes inexplicables.

On le sait, l’intérêt du found footage réside dans le fait de procurer un maximum d’effets avec un minimum de moyens. À la condition, bien entendu, d’en maîtriser le concept et l’exécution. Ce qui est le cas ici, puisque sur une durée ramassée d’1h 17, le metteur en scène parvient à jouer avec nos nerfs avec une efficacité à toute épreuve, alors qu’à l’écran, il ne se passe quasiment rien. Ainsi, un simple graphique, un son ou encore quelques notes de flûtes jouées dans la nuit parviendront à la fois à susciter l’intérêt du public, mais aussi à procurer une vraie trouille que l’on n’avait pas vue venir. À l’image de ces longues séquences où l’écran d’ordinateur de Mark est filmé plein cadre, faisant apparaître sous forme de pics les sons enregistrés durant la nuit. Dit comme ça, ça n’a l’air de rien. À l’image, l’effet est bluffant.

Comme dans bon nombre de found footages, d’un point de vue purement esthétique et plastique, l’exercice n’a aucun intérêt. En revanche, là où le dispositif peut marquer des points et emporter l’adhésion, c’est dans la force de suggestion générée par le hors champ. Et à ce petit jeu-là, Josh Criss maîtrise admirablement son sujet, dégraissant jusqu’à l’os ce qui pourrait être montré, décuplant ainsi la force d’évocation suscitée par sa mise en scène.

Par ailleurs, et sans déflorer l’issue du film, un rapport harceleur/harcelé est développé doucement mais sûrement tout au long du métrage, ajoutant une couche supplémentaire au récit. Ne laissant rien au hasard, le réalisateur pointe ce rapport jusque dans l’affiche du film The King of Comedy (1983) de Martin Scorsese, trônant sur le mur du bureau du protagoniste. Dans ce film, le personnage interprété par Robert de Niro harcelait celui joué par Jerry Lewis, dans un rapport dominé/dominant reproduit dans Leaving D.C..

Enfin, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, le film de Josh Criss développe en sous-texte un propos pertinent sur notre rapport à la civilisation. Dès les premières minutes du métrage dans lesquelles le personnage de Mark se filme pour rester en relation avec ses ami·e·s, on comprend tout de suite où le metteur en scène veut en venir : son personnage veut quitter la ville et la civilisation, mais finalement est incapable de suivre son désir fantasmé jusqu’au bout puisqu’il restera en permanence en contact avec le monde extérieur.

Pour toutes ces raisons, Leaving D.C. se range sans conteste parmi les meilleurs réussites du genre, aux côtés du Projet Blair Witch et de Cloverfield, et est à découvrir en ce moment sur Shadowz.


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