Après la difficile période du Covid, le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg organisé par l’association Les Films du Spectre revient en force avec une programmation chargée, des rencontres avec des réalisateurs et réalisatrices ainsi que des compétitions, des rétrospectives et qu’une nuit excentrique avec des midnight movies plutôt coquins (L’Île aux femmes nues ; Dracula, vampire sexuel et Le Bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante). Au fil des années, Le FEFFS est devenu l’un des rassemblements de cinéphiles le plus important en France, et particulièrement dans le Grand-Est. Master classes, conférences et projections d’œuvres entre nouveautés internationales intrigantes, rétrospectives de films plus classiques, thrillers et comédies noires en tout genre sont d’autant d’éléments qui montrent ce profond intérêt au cinéma dit « de genre ». Des films fantastiques aux métrages plus alternatifs en passant par le jeux vidéo, l’évènement rassemble plusieurs de dizaine de milliers de personnes qui varient entre un public curieux et de véritables fans de ce cinéma « pas comme les autres ». Un cinéma qui parle à tou·te·s en opposition avec un cinéma plus réaliste, le FEFFS offre des œuvres dans lesquelles l’imaginaire est roi. Entre cinéma indépendant, productions de studios, cinéma d’auteur et cinéma de niche, de nombreuses activités sont proposées un peu partout dans la ville alsacienne : stands découverte, concerts et ateliers de toutes sortes sont repartis entre Le Village fantastique (Place Saint-Thomas), le Shadok (centre d’arts numériques, axés sur les jeux vidéo, la création numérique et les expériences en réalité virtuelle) mais aussi avec la projection en plein air de Flash Gordon (Mike Hodges, 1980). L’affiche du festival réalisée par Mahon Macia dépote comme toujours et annonçait la couleur !

Lors de nos pérégrinations fantastiques, des artistes et intervenant·e·s de la région étaient présent·e·s au village fantastique. Certain·e·s pour tenir un stand, d’autres venu·e·s flâner et boire un coup, et en compagnie de l’écrivain Stéphane Grünenwald, nous avons eu la chance d’en rencontrer une partie. L’écrivénimeuse Violaine de Charnage nous a présenté ses contes lubriques, le Cartoscope nous a fait découvrir de sublimes illustrations 3D, et après une petite discussion passionnée avec la réalisateur Yann Kerdoncuff (allez jeter un œil aux sales films) et un aperçu du fanzine Dead Zine, nous avons fait la rencontre de Rafael Cherkaski venu présenter le Blu-ray Collector de son film Sorgoi Prakov accompagné d’un documentaire de Rock Brenner (directeur de la plateforme VOD Outbuster). Le studio de tatouage Asphalt Jungle était également présent au village pour nous faire découvrir leurs illustrations et la présence du vlogueur Mister Culte à nos côtés lors de nombreuses projections nous a propulsé vers des débats enflammés !
Pour ce quinzième anniversaire du Festival qui se déroule entre pandémies, guerre en Ukraine et restrictions budgétaires, la volonté de « fêter la culture cinématographique » était plus forte que jamais. Au travers une rétrospective dédiée au cinéma fantastique français avec la présentation d’une dizaine de films issus de l’hexagone (et notamment des deux copies restaurées, Le Pacte des loups et La Cité des enfants perdus), le Festival rend un hommage poignant aux films de genre français qui ont pourtant beaucoup de mal à trouver un public dans leur propre pays. Entre l’univers fantasmagorique de Jean Rollin (à découvrir dans le documentaire américain Orchestrator of Storms ou grâce à son film plus que sensuel Fascination réalisé en 1979) et la projection du célèbre Nosferatu (Murnau, 1922) qui fête ses 100 ans), des œuvres en provenance d’horizons divers font leur apparition sur grand écran. Citons entre autre Diabolik projeté après la cérémonie d’ouverture, le dernier Dario Argento Dark Glasses ou encore Mad Heidi (Johannes Hartmann & Sandro Klopfstein, 2022), un film suisse entre women in prison et chanbara nippon qui retourne bien l’estomac.
Cette année, la Master Class de Christophe Gans accompagnée de la projection de Le Pacte des Loups (2001) revient sur son enfance, son amour du cinéma et de cette volonté d’adapter des univers immersifs et japonisants à un public mondial (avec son « bébé » Crying Freeman en 1995, adaptation du manga de Kazuo Koike et Ryôichi Ikegami débuté en 1986 ou encore Silent Hill en 2006, adaptation du jeu vidéo culte survival horror édité par Konami et initié en 1999) et confirme le projet d’un nouveau Silent Hill en approche ! La présence de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro après la diffusion de La Cité des enfants perdus, durant le deuxième week-end du festival, en a ravi plus d’un·e et le duo de réalisateurs reviendra sur la difficulté de trouver des financements en France lorsqu’il s’agit de mettre en avant un cinéma fantastique, des films qui perturbent et disposent de codes propres au genre. La projection en avant première du long-métrage d’animation l’Île (Anca Damien) et du film Visiteur du futur (François Descraques) viennent compléter ce programme bien chargé tandis que nous avons eu l’honneur de réaliser un entretien filmé avec Mélanie Boissonneau, Julien Maury et Alexandre Bustillo !
Compétition internationale de films fantastiques
L’Octopus d’or pour le film danois Attachment de Gabriel Bier Gislason.
La Mention spéciale du jury pour le film mexico-péruvien Huesera de Michelle Garza Cervera.
La Mention spéciale du jury pour le film américain Resurrection de Andrew Semans.
Le Prix du Public pour le film australien Blaze de Del Kathryn Barton.
Compétition Méliès d’argent
Méliès d’argent meilleur long-métrage européen pour le film franco-espagnol Piggy de Carlota Perda.
Méliès d’argent du meilleur court-métrage dédié à Plan-Plan Cul-Cul de Alexandre Vignaud.
Compétition Crossovers
Grand prix Crossovers pour le film espagnol La Pieta de Eduardo Casanova.
Compétition internationale de films d’animation
Cigogne d’or pour le film Black is Beltza 2: Ainhoa de Fermin Muguruza.
Compétition courts-métrages
Octopus d’Or pour le film suisse Phlegm de Jan-David Bolt.
Prix d’animation pour le film slovène Steakhouse de Špela Čadež.
Prix Made in France pour Les Signes du destin (Tout ça) de Mathieu Z’graggen.
Prix du Jury Jeune et Prix du Public pour Le Censeur des rêves de Léo Berne & Raphaël Rodriguez
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