Starfish, le deuil sous forme d’apocalypse surréaliste

Starfish (A.T. White, 2019) est un film américain contant le véritable périple d’une jeune femme nommée Aubrey (Virginia Gardner) qui vient de perdre sa meilleure amie Grace (Christina Masterson). Entre flashbacks intimistes et l’invasion soudaine de monstres étranges, la femme va devoir faire face à ses peurs les plus profondes ainsi qu’à un sentiment de solitude terriblement puissant. Ce deuil difficile se mélange à un jeu de pistes afin de mettre la main sur les cassettes audio laissées par sa défunte amie, des enregistrements qui semblent avoir le pouvoir d’empêcher la destruction du monde…

Dès la première scène, le mal-être de la jeune femme est palpable, elle se retrouve isolée au milieu d’une foule de personnes endeuillées, qui ont entendu parler d’elle sans qu’elle ne les connaisse. On apprend alors que suite à une dispute, les deux femmes se sont séparées, Aubrey ayant laissée Grace et le petit café cosy dans lequel cette dernière travaillait. C’est un univers surréaliste que nous offre A.T. White pour son premier film. Avec une douceur dérangeante, Starfish nous balance dans un monde vide, détruit et malaisant dans lequel seuls les souvenirs de leur amitié semblent pouvoir sauver Aubrey de sa descente aux enfers, et la Terre de la violence de monstres sans visage. Encapuchonnée et sur le qui-vive, la jeune femme ne sort du café au sein duquel elle s’est retranchée que pour aller au supermarché se nourrir et rechercher les fragments de la voix de Grace capturés dans des cassettes laissées à son attention. Suite à une première soirée emplie de nostalgie et de sidération, Aubrey se réveille dans cette ville enneigée aux rues désertes parsemées de tâches de sang. Une ambiance onirique s’impose alors au public entre l’atmosphère glaciale de l’environnement extérieur et une émanation plus chaleureuse lors de la souvenance de leur relation perdue et l’écoute des cassettes à travers des plans aux lumières tamisées, apaisants et joyeux dans lesquelles le duo discute et s’amuse. S’il est possible de définir Starfish, ce long-métrage se montre comme un drame fantastique à l’allure de film d’invasion extraterrestre, mêlant ainsi une histoire émotionnellement chargée avec une pointe d’horreur dans un cadre symbolique de science-fiction. Car, vous l’avez compris, cette œuvre est avant tout une romantisation du deuil, du chagrin qu’engendre la perte d’un·e proche, et, dans ce cas-ci, de la culpabilité qui en découle.

Tout comme Je veux juste en finir (Charlie Kaufman, 2020) ou A Ghost Story (David Lowery, 2017), Starfish est un conte philosophique et fantasmagorique sur la mort, le vide et le désespoir qu’elle procure. Empruntant beaucoup d’éléments au récit fantastique, les cassettes faisant office d’artefacts quasi-magiques réunis afin d’assurer la sauvegarde du monde, ce métrage nous offre une introspection à la fois poignante et douloureuse donnant à la protagoniste principale un rôle messianique pour la renaissance de son propre monde. Aubrey semble être tombée dans une dimension emplie de dangers et de noirceur d’où elle doit partir, une tristesse dont elle doit se relever pour continuer son chemin. Une renaissance qui passe par l’acceptation des erreurs commises, de la « digestion » des souvenirs transformés après la mort en une douleur insoutenable, ainsi qu’une perte de repères impitoyable et démesurée qui vont transformer notre héroïne en une nouvelle personne à l’instar de ce nouveau monde qui s’offre à elle dans une sublime séquence finale métaphorique, colorée, presque mystique. Disponible sur Shadowz, Starfish est une pépite foudroyante et sensorielle à voir absolument !


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