Catacombes (John Erick Dowdle, 2014)

Film indépendant franco-américain, Catacombes (John Erick Dowdle, 2014) retrace l’investigation archéologique d’un groupe d’individus à la recherche de la pierre philosophale dans les souterrains parisiens. Scarlet, une étudiante en archéologie urbaine, fait appel à son ex-copain pour déchiffrer des gravures sur une stèle mystérieuse, écrites selon ses dires par Nicolas Flamel, le célèbre alchimiste. Après avoir découvert que la pierre alchimique pourrait être enterrée sous sa tombe, le duo – accompagné de Benji, le cameraman – se lance dans une exploration déroutante dans les Catacombes de Paris en compagnie de leur guide Papillon, une « taupe » spécialiste des lieux.
Ce found footage nous transporte dans une aventure oppressante au sein des galeries sous-terraines de l’ossuaire parisien avec tout ce qu’il peut y avoir de plus étrange : cultes mystérieux, fêtes underground, phénomènes paranormaux et visions infernales. Plus le groupe se rapprochera de la tombe de Flamel, plus des événements inexpliqués feront leur apparition. Catacombes met en scène un folklore médiéval européen allant des trésors des Templiers à L’Enfer de Dante dans une atmosphère lugubre. S’enfonçant toujours plus sous terre, les protagonistes se retrouvent face à leurs « démons » se matérialisant sous leurs yeux. La quête de la jeune archéologue s’avère plus complexe que prévu et l’aventure se transforme rapidement en un Indiana Jones anxiogène.
Night Shot (Hugo König, 2018)

Disponible sur Freaks On et Shadowz, Night Shot (Hugo König, 2018) nous propulse dans un faux documentaire tourné dans un sanatorium abandonné. Une vloggeuse et son cameraman (interprété par le réalisateur) proposent de l’urbex en direct pour faire vivre, en temps réel, à leurs followers une immersion dans cet ancien hôpital pour tuberculeux·ses, situé à la frontière franco-allemande. Dans la ligne de Projet Blair Witch (1999) de Eduardo Sánchez, ce film ajoute une pierre à l’édifice des found footage horrifiques.
Très vite, des évènements étranges se produisent : des portes qui claquent toutes seules, de bruits étranges, des anciens objets qui se mettent au travers du chemin du duo… Puis, on apprend la rumeur sur cet endroit effrayant. Ancien sanatorium, il aurait été utilisé comme hôpital expérimental par les nazis. L’un d’eux, un médecin haut gradé, avait une passion pour les fœtus… Allant jusqu’à les arracher du ventre de leurs mères.
Le film a été tourné exactement treize fois avant d’obtenir un seul et unique plan séquence parfait. Entre vision nocturne, gros plans effrayants et mouvements d’un technicien qui semble perdre le contrôle de la caméra, Night Shot est un véritable exploit technique assez incroyable pour un film à très petit budget !
Inunaki (Takashi Shimizu, 2019)

Encore une perle de Takashi Shimizu, Inunaki conte l’histoire et la malédiction d’un village oublié en pleines montagnes nippones. Cette légende urbaine japonaise place un mystérieux village disparu dans la préfecture de Fukuoka, au pied du mont Inunaki. Même si son emplacement est inconnu, il serait accessible par un tunnel condamné pour d’obscures raisons. Un jeune couple, Yuma et Akina, décident de se filmer lors d’une soirée d’exploration vers le hameau d’Inunaki, connu selon les dires locaux sous le nom de « village hurlant ». Dans le but de créer un buzz horrifique, le duo se lance dans le tunnel sordide, réputé hanté. Pris·e·s au piège par d’étranges assaillant·e·s, iels prendront rapidement la fuite jusqu’aux bois alentours mais disparaitront. Kanata, une psychologue aux capacités extrasensorielles, est inquiète de la disparition de son frère et se décide à enquêter. Ses recherches vont peu à peu la mener à un secret de famille autour d’une malédiction que ses ancêtres subissent depuis de nombreuses années.
Ce film de malédiction et fantômes transporte le public sur plusieurs époques : la disparition du couple, l’enquête de la jeune protagoniste principale et le passé violent de la communauté ayant vécu à Inunaki. Cette temporalité intriquée et le lien constant entre passé et présent, constituent un outil scénaristique bien maitrisé par Shimizu. Dressant une vision d’ensemble des raisons de la malédiction, ainsi que des liens karmiques qui unissent les protagonistes à ce village oublié, le réalisateur fait évoluer ses protagonistes à la frontière entre deux époques, comme si la linéarité du temps n’avait plus sa place en ces lieux. Une enquête temporelle et surnaturelle commence alors afin de libérer les fantômes d’Inunaki, et ainsi retrouver le frère disparu. Inunaki dépeint une violence gouvernementale à l’égard d’une communauté montagnarde qui aurait été « enfermée » dans son village avant que le hameau soit inondé pour la « bonne » gestion d’un projet de barrage. Comme l’affirme l’inscription à l’entrée du tunnel : Les lois constitutionnelles du Japon ne s’appliquent pas ici, les portes de l’Enfer de Dante à la Shimizu s’ouvrent alors sur de nombreuses suppositions et de légendes autour des mœurs et de la culture des habitant·e·s du village oublié d’Inunaki. Cannibales, hybrides de canidés et d’humain·e·s ou simples membres d’une société isolée des montagnes, les spectres de ce yûrei-eiga ont un message à transmettre.
Pyramide aka The Pyramid (Grégory Levasseur, 2014)

Produit en partie par Alexandre Aja, Pyramide est un film d’horreur américain dont l’histoire prend place en plein désert d’Égypte. Lors de fouilles, des archéologues ont découvert une pyramide étrange, unique, et décident de constituer une équipe pour pénétrer les lieux. Très vite, iels se retrouvent enfermé·e·s dans cette immense bâtisse labyrinthique, d’anciens pièges se déclenchent et des créatures mystérieuses viennent les accueillir. Entre des effets visuels 3D et un bon vieux found footage, Pyramide n’est pourtant pas particulièrement terrifiant. L’ambiance plus fantastique que horreur dénote par rapport aux précédentes œuvres de Levasseur. Le film surprend et il en ressort une originalité toute particulière.
Cette thématique de « temple » ou de « sanctuaire » maudit, autels de divinités ancestrales, marque dans un climat d’horreur occidentale porté sur un folklore judéo-chrétien récurrent. Des films de fantômes et de possessions, de vampires et de tueurs en séries, les caractéristiques des « créatures » demeurent souvent les mêmes. Bien que Pyramide n’apporte pas beaucoup d’éléments peu convenus à une atmosphère égyptienne ni au cinéma d’exploration horrifique, le film apparait à mi-chemin entre une enquête archéologique en mode survival horror et un contexte mythologique fort comme on pourrait le trouver dans des films de fantasy. Et si les divinités égyptiennes étaient encore en sommeil sous les sables ?
Le Projet Blair Witch aka The Blair Witch Project (Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, 1999)

Film de genre indépendant qui nous vient des États-Unis, The Blair Witch Projet est un found footage culte pour les passioné·e·s du genre. Connu comme étant l’un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma avec un retour sur investissement de 414300 %, cette fake vidéo d’exploration datée d’Octobre 1994 présente un groupe d’étudiant·e·s en cinéma (Heather, Mike et Josh) dont le projet est de réaliser un documentaire sur la légendaire sorcière de Blair. Le trio débarque alors dans le Maryland afin de s’entretenir avec la communauté locale de Burkittsville. Iels entendent parler d’un certain Rustin Parr, un reclus vivant dans les bois, qui serait l’assassin de sept enfants en 1940. Suivant cette piste, la bande se décide à explorer la forêt dite hantée…
Entre escapade camping sauvage, disputes au sein du groupe, trouvailles sinistres, rencontres morbides et désorientation, The Blair Witch Projet joue psychologiquement avec son public autant qu’il s’amuse de son acting. La caméra s’arrête brutalement lorsque la tension est à son paroxysme ou alors continue alors qu’on voudrait bien détourner les yeux ! Les gros plans sur les expressions des personnages s’ajoutent à cette atmosphère presque intimiste. Les étranges figures humanoïdes de branchages, suspendues à travers les bois, les mystérieux bruits autour de leur tente la nuit, la disparition progressive des affaires de l’équipe, le tout d’un air réaliste et authentique fait de ce long-métrage une œuvre palpable qu’on a l’impression de vivre à la place de ses protagonistes.
The Descent (Neil Marshall, 2005)

Film d’horreur britannique, The Descent (Neil Marshall, 2005) retrace l’histoire de six femmes qui se décident à faire de la spéléologie dans les Appalaches. Malheureusement pour elles, le passage étroit à l’entrée de la grotte s’effondre lorsqu’elles sont à l’intérieur. Ainsi piégées, elles inspectent les environs avant de se rendre compte qu’elles ne sont pas seules sous terre. Des créatures humanoïdes, aveugles et d’une blancheur presque transparente, semblent vivre emprisonnées dans ces galeries depuis de très longues années…
Surival horror au féminin qui met en scène des femmes plutôt badass face à une véritable fourmilière d’êtres carnivores particulièrement terrifiants, The Descent ne joue pas tant sur le gore que sur une montée lente de l’angoisse jusqu’à un final explosif et ensanglanté. Les grottes qui se referment sur elles-mêmes, la claustrophobie qui s’installe peu à peu, les ténèbres de plus en plus sombres des lieux s’insinuent doucement mais sûrement dans la psychologie de ses protagonistes et de son public. Lorsque la situation parait désespérée dès le début de l’intrigue, elle ne fait en réalité que s’empirer. Avec ces paliers d’horreur franchis petit à petit, The Descent montre une lente descente aux enfers, aussi bien psychologique que physique de ses personnages, dans une atmosphère étouffante toujours plus surréaliste.
The Descent, magistral. Un film d’exploration, ou pourquoi pas, un film « d’imploration », qui remonte le temps, se fraye un passage dans le cerveau humain, à travers ses entrailles, ses fêlures. Un terrible film sur la maternité et le deuil.
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Totalement d’accord avec toi, The Descent est incroyable ! Ce casting inclusivement féminin et l’analogie grotte/maternité qui très bien amenée. Une exploration physique et terrifiante doublée d’une imploration psychique qui joue sur l’angoisse et les traumas. Une perle du cinéma britannique 💜
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Malheureusement, Neil Marshall n’a jamais fait aussi bien.
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