3 films « du miel et du sang »

Éros et Thanatos n’ont cessé d’inspirer des récits de vie, des histoires et des œuvres en tout genre. Entre amour et mort, compassion et vengeance, passion et désir, voici une petite sélection des films de genre érotiques cultes.


L’Empire des sens (Nagisa Ōshima, 1976)

S’inspirant de l’histoire d’Abe Sada, une femme aux multiples facettes, L’Empire des sens dépeint la relation passionnelle et obsessive d’une femme et son amant. Cette coproduction franco-japonaise retrace le destin de Sada, domestique d’une demeure située dans les quartiers bourgeois de Tokyo et ancienne prostituée, qui établit une relation peu convenue avec son patron Kichizo. Bien que marié, l’homme éprouve une attirance toute particulière pour son employée et le duo tombera dans une escalade passionnelle sans limite. Des scènes de voyeurisme couplées à des séquences érotiques particulièrement explicites dépeignent le quotidien des personnages. Leurs rapports amoureux et sexuels s’intensifient peu à peu et une dépendance aussi bien affective que sexuelle les pousse vers toujours plus de sensations. Agrémentant leurs « célébrations » avec la participation d’autres personnes, iels finissent par ne presque plus sortir de leur chambre et s’enferment dans leur monde de sexe, de passion et de possessivité. La femme ne peut plus penser à autre chose qu’aux caresses de son amant, allant même jusqu’à lui interdire de quitter la chambre. L’homme s’en amuse au premier abord, puis se prend au jeu. Leurs désirs deviennent de plus en plus puissants et macabres. Une esthétique typiquement nippone et un rythme plutôt doux et suave accompagnent leurs ébats jusqu’au point de non-retour. Entièrement dévoué·e·s l’un·e à l’autre, l’homme demandera à Sada de l’étrangler lorsqu’iels font l’amour et ce jusqu’à ce qu’il décède. La femme acceptera et finira, après son décès, par l’émasculer, gardant ainsi précieusement le pénis de son aimé.

Une héroïne révoltée jouée par l’actrice Eiko Matsuda et un symbole du triste sort de la condition féminine dans un Japon des années 1930 naissent alors derrière la caméra aux ordres de Nagisa Oshima. Ce film conte une histoire de désir et de passions qui conduit inexorablement ses deux protagonistes vers le sang et la violence. Défiant la censure, L’Empire des sens se regarde avec une intensité folle bien que, entre passion et effusion de son sang, cette œuvre est avant tout un combat pour la liberté d’expression et la critique d’une société militariste japonaise, dans laquelle les femmes n’avaient que peu de droits et les hommes avaient l’obligation de servir leur patrie. Perçu par beaucoup comme la description d’une déviance macabre et sordide, L’Empire des sens n’en demeure pas moins une ode à l’érotisme et à l’amour, une célébration de la vie et de ses plaisirs, ainsi qu’une soumission totale aux sens.


Le Miel du Diable aka Il Miele del diavolo (Lucio Fulci, 1986)

Disponible sur Freaks On et considéré comme le dernier chef-d’œuvre de Lucio Fulci, Le Miel du Diable oscille entre érotisme et violence, entre amour et vengeance, entre compassion et sadomasochisme. Perdue dans sa relation toxique avec Gaetano, un saxophoniste qui ne pense qu’à sa musique et qui la considère seulement comme un objet sexuel, Cecilia n’a qu’une envie, celle de vivre son amour pour Gaetano et de donner la vie avec lui. Ce dernier meurt avant qu’elle ne puisse réaliser ce rêve. Cecilia kidnappe alors le docteur Domenici, le chirurgien qu’elle rend responsable de la mort de Gaetano, son fiancé. Le film peut être vu comme une sorte de remake de La Gabbia aka L’Enchaîné de Giuseppe Patroni Griffi, dont Lucio Fulci a co-écrit le scénario.

Le docteur Domenici, dont le « travail » est de sauver des vies, apparait comme un personnage mort à l’intérieur, impuissant à donner du plaisir à sa femme, lui aussi perdu dans un mariage sans vie et noyé dans un conformisme bourgeois. La mort de Gaetano va faire basculer Cecilia dans une quasi-folie meurtrière. Pour se venger, elle va séquestrer Domenici dans une villa isolée et le soumettre à la torture, à l’humiliation. Mais peu à peu, une relation va se mettre en place entre les deux protagonistes meurtri.e.s qui agira comme une catharsis et un exorcisme pour le duo. Le Miel du Diable conte une histoire où folie, destruction, mort et amour s’entremêlent intimement, entre flashbacks et images oniriques si caractéristiques des films de Lucio Fulci.


Du Sang pour Dracula (Paul Morrissey, 1975)

Le dernier descendant des Dracula tombe malade et sa lignée risque l’extinction. Dans l’optique de survivre, il doit se nourrir du sang de vierges. Le souci ? Depuis la libération des mœurs, il devient de plus en plus difficile de trouver des femmes prudes. Accompagnée de son serviteur, la créature décide alors de se rendre en Italie, un pays où il pense pouvoir trouver des femmes vierges. Un marquis italien en manque d’argent est prêt à lui donner sa fille comme épouse afin de renflouer ses comptes mais malheureusement pour l’affreux Comte Dracula, la jeune femme n’est pas vierge et le goût de son sang n’a pas la saveur escomptée… il exige donc une autre de ses filles en pâture.

Les demoiselles du domaine semblent préférer largement la compagnie de leur homme à tout-faire, un jardinier aux mœurs simples qui les invitent chaleureusement dans son antre afin d’y passer du bon temps. Le plan de Dracula est ainsi contrecarré par ces jeunes femmes, libres de leur corps et séduites par un communiste, plutôt que de servir de « chair » au dernier représentant d’une aristocratie au bord de gouffre. Du Sang pour Dracula est un film érotique à la fois drôle et critique d’une bourgeoisie catholique. Figure du cinéma underground américain, Paul Morrissey offre un récit fantastique et sans complexe dont le propos est plus engagé que ce qu’il parait. Quelle hypocrisie de demander la « pureté » lorsqu’on est une créature assoiffée de sang ou un patriarche prêt à vendre son enfant en échange d’argent et de pouvoir ! Le tout avec des effets sanglants assez kitchs et une bonne dose de situations complétement surréalistes…


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