7 bricolages qui tournent mal

Si un bon bricoleur ne fait pas forcément un bon tueur, les outils de bricolages font cependant partie des armes préférées des psychopathes mis en scène dans les films d’horreur. Voici un top des films dont le hobby du bricolage peut s’avérer mortel !


The Driller Killer (Abel Ferrara, 1979)

À New York, Reno, un artiste peintre fauché, n’arrive pas à mettre la touche finale à ce qui doit être son chef-d’œuvre. Sous la pression du directeur de sa galerie et du propriétaire de son local qui exige qu’on lui paie les loyers en retard, il sombre peu à peu dans une démence hallucinatoire et mystique. Armé d’une perceuse portable, Il se met alors à tuer tous les indigents du quartier avant de s’en prendre à tou·te·s ceux et celles qui l’entourent.

Premier film du très culte Abel Ferrara auteur, notamment, du génial Bad Lieutenant, le réalisateur new-yorkais s’attache à dépeindre la chute libre d’un jeune peintre loin du glamour de la Grande Pomme souvent montré dans de nombreux films. La ville apparaît ici comme une jungle urbaine où le rêve d’une personne peut rapidement se transformer en cauchemar. Pris par ses pulsions meurtrières, le jeune Reno, interprété par Abel Ferrara lui-même, déambule dans les ruelles d’un New York qui semble vider les entrailles des gens de toute substance vitale, comme les sans-abris vomissant leur alcool qu’Abel Ferrara s’attache à filmer tout le long du film.

Entre cinéma underground et Nouvel Hollywood, à la fois cinéma de genre et d’auteur, Driller Killer est un slasher urbain, un film brut à l’image granuleuse et possédé par une mystique destructrice que l’on retrouvera plus tard dans d’autres œuvres du cinéaste. Faisant preuve d’une narration lente et donnant la part belle à la musique et aux relations entre les personnages, le film ne se dirige pas moins vers une descente en enfer du personnage principal et une déferlante d’effets gores qui éclatent aux visages des spectateurs·trices tels des coups de pinceau rouge vif assénés à la pellicule.


Slumber Party Massacre aka The Slumber Party massacre aka Fête sanglante (Amy Holden Jones, 1982)

Un groupe de jeunes étudiantes organise un pyjama party chez l’une d’entre elles. Alors que les garçons tentent de profiter eux aussi de la fête, un homme évadé d’un hôpital psychiatrique, et armé d’une énorme perceuse électrique, va s’inviter à la soirée et trucider tou·te·s ceux·celles qu’il rencontre.

Surfant sur la vague des slashers initiée à la fin des années 1970 par La Nuit des masques aka Halloween du grand John Carpenter et popularisé par Vendredi 13 aka Friday the 13th de Sean S. Cunningham, le film de Amy Holden Jones ne met pas cette fois-ci en scène un tueur « surnaturel » mais un homme « ordinaire ». Le début du film, qui rappelle Carrie au bal du diable de Brian De Palma, est l’occasion à la fois d’évoquer les rivalités entre les jeunes femmes, mais aussi de suggérer une attirance mutuelle entre deux personnages féminins. Mais malheureusement, ce qui aurait pu être une excellente idée n’est plus du tout exploité dans la suite du film.

Réalisé par une femme, ce qui est assez rare à l’époque pour le souligner, ce film qui devait être une parodie de slasher au départ (pourtant loin d’égaler les deux œuvres citées plus haut) enchaîne les meurtres et intègre les minimums d’ingrédients que les spectateurs·trices attendent de voir dans ce genre de films. Des jeunes femmes qui se retrouvent rapidement légèrement vêtues ou dénudées, des garçons particulièrement stupides, un huis clos et un nombre certain de cadavres qui s’empilent.

Le film n’en reste pas moins intéressant grâce à la dernière séquence qui voit un affrontement du tueur avec plusieurs de ces victimes potentielles. En effet, celles-ci ne se contentent plus du sort que le tueur leur a réservé, mais décident de l’affronter et contre-attaquent à coups de tisonnier, de couteaux ou encore de machette, finissant par tuer le monstre.


Toolbox Murders (Tobe Hooper, 2004)

Neil et Steven, un couple de jeunes marié·e·s, viennent s’installer dans un immeuble historique insalubre en cours de restauration. Tandis que Steven, jeune médecin, enchaîne les tours des gardes, Neil essaie tant bien que mal de s’intégrer dans son nouvel environnement, malgré les travaux qui rendent difficile la vie dans l’immeuble. Mais pour Neil, ce bâtiment a quelque chose d’étrange d’autant plus que des locataires semblent disparaître.

Remake du film La Foreuse sanglante aka The Toolbox Murderssorti en 1978, Toobox Murders est un des derniers films du maître Tobe Hooper dans lequel il met en scène un meurtrier utilisant tout un panel d’outils comme un marteau, un pistolet à clous ou encore une scie électrique pour assassiner ses victimes. Après une première partie dans laquelle le réalisateur s’attache à montrer l’héroïne, interprétée par Angela Bettis, en train d’enquêter sur les disparitions des locataires et sur l’origine occulte du bâtiment, la deuxième partie bascule dans l’horreur en même temps que Neil pénètre dans l’antre du tueur.

Construit par un certain Lusman, un féru d’occultisme qui disparut mystérieusement, Neil se rend bientôt compte que les signes que l’on retrouve dans tout le bâtiment vont la mener à la découverte de la vérité. De fait, ceux-ci vont lui permettre de découvrir finalement la cachette secrète du tueur.

Accueilli de manière mitigée par la presse et le public, Toolbox Murders n’en reste pas moins un film très effrayant et angoissant, notamment dans la manière avec laquelle le tueur s’introduit dans les appartements des victimes ou saute sur elles en « sortant » des murs. Mais c’est surtout dans la dernière séquence que l’on retrouve tout le talent du réalisateur, lorsque Neil et les survivants de l’immeuble affrontent le tueur. En effet, Tobe Hooper distille une horreur quasi surnaturelle faisant apparaître un tueur au visage terrifiant, surgissant tel un poltergeist des entrailles ténébreuses et poussiéreuses de l’immeuble, rempli de cadavres en putréfaction, rappelant l’antre de la famille Sawyer dans la saga Massacre à la Tronçonneuse.


Carnage aka Nail Gun massacre (Bill Leslie et Terry Lofton, 1985)

Après le viol de sa sœur par un groupe d’ouvriers du bâtiment, un homme se met en tête de les assassiner tous avant que la police et un médecin ne fassent le lien entre les deux affaires.

Carnage est un film réalisé par Bill Leslie et Terry Lofton que l’on peut qualifier d’indépendant voire d’amateur tant la réalisation et le jeu d’acteurs sont vraiment bancals. Armée d’un pistolet à clous pneumatique et d’un casque de moto, le tueur enfile les meurtres et les mauvaises répliques, rendant perplexe le shérif de la bourgade… et les spectateurs·trices. La narration et la tension deviennent rapidement poussives et on se rend bien vite compte de qui est le véritable assassin et ce qui le motive à tuer tous ces gens. 

Cependant, le film a le mérite de gratifier les spectateurs·trices de scènes de meurtres assez sanglantes, jouant sur des effets spéciaux sonores et exploitant le hors-champ.


Le Sadique à la tronçonneuse aka Pieces (Juan Piquer Simón, 1982)

À Boston, un jeune garçon jouant avec un puzzle mettant en scène une femme nue est surpris par sa mère qui le punit violemment. Pour se défendre, l’enfant décapite sa mère. Quarante ans plus tard, sur un campus universitaire, un tueur en série multiplie les meurtres en découpant de jeunes femmes en morceaux. La police, aidée par un étudiant, tente de mettre la main sur le tueur.

Situant l’histoire du film à Boston (qui semble être définitivement) une place propice pour les tueurs en série au cinéma (voir L’Étrangleur de Boston de Richard Fleischer, 1968), le film du réalisateur espagnol navigue entre Slasher américain et Giallo italien et met en scène un tueur armé d’une tronçonneuse de jardinage, mais qui n’hésite cependant pas à varier son « plaisir » et à utiliser des couteaux.

L’enquête des inspecteurs de police se déroule avec une certaine nonchalance, ce qui peut porter les spectateurs·trices à sourire devant la tranquillité avec laquelle les policiers traitent ce cas de meurtres multiples. Et, c’est à partir de la deuxième partie, lorsque le film se concentre plus sur le duo composé par Kendall et Mary, soit l’étudiant qui s’adjoint aux policiers et l’employée de bureau de la police, que la narration devient plus intéressante, multipliant les scènes de meurtres avec une mise en scène très réussie et imaginative (voir la scène du waterbed) mais aussi avec des cadrages soignés, oscillant entre effets gores et techniques empruntées au Giallo dont la référence devient évidente, notamment avec le costume du tueur qui apparaît tout en silhouette vêtu d’un chapeau et de gants de cuir, rappelant le film Six femmes pour l’assassin du maître italien Mario Bava. On retiendra aussi cette excellente idée du puzzle qui revient en leitmotiv dans le film et qui renseigne non seulement sur le traumatisme subi par le tueur, mais aussi sur son obsession à découper en morceaux ses victimes féminines.


La Foreuse sanglante aka The Toolbox Murders (Dennis Donnelly, 1978)

Après une série de meurtres dans un immeuble, Laurie, une jeune fille de 15 ans, est kidnappée par le meurtrier. Alors que la police piétine, le frère de la jeune fille décide de mener sa propre enquête pour retrouver sa sœur.

Sorti en 1978, le film du réalisateur Dennis Donnelly que l’on pourrait qualifier de pré-slasher (La Nuit des masques aka Halloween de John Carpenter sortira la même année et donnera naissance au genre Slasher à proprement parler) ne met pas moins en vedette un tueur en série brutal et froid qui assassine ses victimes avec toutes sortes d’ustensiles tirés de sa caisse à outils : marteau, tournevis, foreuse électrique, pistolet à clous…

Après une première partie du film qui enchaîne les scènes de meurtres à la mise en scène particulièrement réussie, le rythme du film ralentit, permettant ainsi à l’histoire de se concentrer sur l’enquête du frère de Laurie, mais aussi sur le tueur dont on découvre l’identité (mais on peut imaginer que les spectateurs·trices l’auront deviné depuis le début) et surtout sur ce qui le motive à commettre tous ces crimes sanglants. Dans la scène du « dialogue » entre la jeune fille et le maniaque, on découvre un homme brisé par la mort accidentelle de sa fille, devenu fou par le chagrin, dans un récit à la fois triste et pathétique dans lequel il tient les mœurs « libérés » de sa fille comme responsables de sa mort. La scène n’en reste pas moins effrayante de par la situation dramatique de Laurie. Dans une chambre remplie de poupées, qui ressemble plus à celle d’une petite fille qu’à celle d’une jeune adolescente, ligotée sur le lit, elle doit faire face à un tueur complètement détaché de la réalité qui la confond avec sa fille. Et c’est peut-être finalement cette horreur-là qui est la plus forte. Mais le film réserve encore des surprises et si la folie n’est pas forcément génétique, on se rendra compte que le meurtrier n’est pas l’unique monstre de l’histoire.


Massacre à la Tronçonneuse aka The Texas Chainsaw Massacre (Tobe Hooper, 1974)

Un groupe de cinq jeunes ami·e·s traversent le Texas à bord d’un van. Après avoir pris en auto-stop un étrange individu au comportement bizarre et violent, iels réussissent à le débarquer et à continuer leur voyage. Ils finissent par arriver devant une ferme isolée où iels sont accueilli·e·s par un horrible personnage qui massacre une partie des jeunes. Seule Sally s’échappe, mais pour elle, le cauchemar ne fait que commencer.

Film culte et chef-d’œuvre du cinéma d’horreur, Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper met en scène Leatherface armé d’une tronçonneuse, le tueur psychopathe le plus effrayants de l’histoire du cinéma. Issu d’une famille de rednecks dégénéré·e·s perdu·e·s au fin fond du Texas, Leatherface découpe ses victimes avec une froideur à glacer le sang, n’hésitant pas à suspendre ses victimes sur des crochets de boucher et à décorer sa maison avec des crânes humains !

Échos pourrissants d’un rêve américain devenu désormais un cauchemar, le film s’attache à décrire le déclin d’un pays en pleine crise économique et morale. Une nation qui s’est construite, dès le début, sur les cadavres des minorités réprimées par la violence, et encombrant la conscience collective des Américain·e·s tels les restes des corps des victimes qui s’amoncellent dans l’antre de Leatherface et de cette famille américaine devenue complètement folle. Sous le soleil texan, exploitant une image granuleuse, Tobe Hooper plonge les spectateurs·trices et Sally dans un environnement peuplé de clowns effrayants grimés de masques en peau humaine, de pantins grotesques désarticulés et privés de toutes énergies vitales, et qui pour se maintenir en vie sucent le sang de leurs victimes comme des vampires (voir le grand-père Sawyer). On ressent presque l’odeur putride qui émane de ces lieux hantés par toutes les victimes de la famille Sawyer, de tous ces corps en putréfaction, que l’on imagine enterrés et qui ont définitivement contaminé le sol, gangrenant les cerveaux des personnes et l’histoire des États-Unis…


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