Le cinéma de genre dans le paysage français se fait relativement rare ou du moins, discret, et alterne souvent entre productions glauques mais efficaces à petit/moyen budget (Martyrs, Calvaire…) ou grosses productions et remakes émigrés aux États-Unis (Maniac, La Coline a des yeux, Crawl d’Aja…). Dans les deux cas, nos réalisateur-rices français-es (Claire Denis, Julia Ducournau, Fabrice Welz, Alexandre Aja, Pascal Laugier ou encore Gaspard Noé pour ne citer qu’iels) ont cet immense talent pour créer des histoires insidieuses et dérangeantes.
Le duo Alexandre Bustillo et Julien Maury (À l’intérieur, Livide) fait partie de cette vague du cinéma de genre français que l’on voudrait voir plus souvent dans les salles. Et ils reviennent cet été avec The Deep House (2021) dont le concept de maison hantée sous-marine était attendu avec impatience. Le film nous présente un jeune couple d’américain.es, Tina et Ben, qui relatent leurs explorations urbaines sur Youtube. Ben qui est à l’affût du moindre like souhaite pousser plus loin leurs expériences horrifiques, jusqu’alors un peu plates. C’est pourquoi iels s’aventurent dans un petit village français afin de visiter un spot secret sous l’eau, aidé.es par l’énigmatique Pierre. Tout l’intérêt du film se trouve ici : les deux plongeur-ses vont s’aventurer dans les profondeurs d’un lac afin d’explorer une maison hantée engloutie et habitée d’une faune et d’une flore inhabituelle. Une belle promesse.

Si l’idée est assez novatrice et rafraîchissante, voire même si elle peut mettre plus d’un.e spectateur-rice mal à l’aise par le côté claustrophobe de se retrouver coincé sous l’eau, elle n’arrive jamais vraiment à nous effrayer.
La première partie de The Deep House est de l’exploration pure qui nous permet au moins d’admirer le travail de décoration, avec quelques jump scare prévisibles, alors que la deuxième partie nous mène petit à petit à des révélations horrifiques jusqu’au dénouement. Dénouement qui est tout de même très accessoire. L’histoire de cette maison et famille (presque !) entièrement engloutie n’est pas vraiment originale malgré sa brutalité.

Là où le bât blesse c’est que les décors sont réellement travaillés et la chorégraphie sous-marine aurait pu marcher, mais l’action est souvent très brouillonne et chaque découverte un peu effrayante amène toujours un enchaînement de plans complètement incompréhensibles. Le genre de plans brouillons qu’on a l’habitude de voir dans un found footage à petit budget classique et qui nuit juste à la compréhension de l’action une fois nos protagonistes sous l’eau.
Si on ajoute à ça des tropes insupportables mais inéluctables à l’évolution du found footage a.k.a l’appât des abonné·es et des vues, et donc des prises de décisions incompréhensibles et des dialogues assez… mauvais, le film devient réellement compliqué à regarder.
Quand en plus on sait que la partie sous l’eau devait être muette, on se demande si le film n’aurait pas été plus intéressant sans d’autres bruits que ceux des fonds marins.
Ajoutons à cela que l’on n’arrive pas à avoir, à un seul moment, d’attachement pour les personnages puisqu’ils ne sont pas (bien) développés, et leurs dialogues de sourds nous sortent constamment de l’intrigue.
La cerise sur ce gâteau doux-amer : un fusil de Tchekhov (qui sort en plus du cadre académique du found footage) qui ne sert strictement à rien à l’issue de l’histoire, et une fin post générique inutile.
C’est plutôt dommage car encore une fois : les décors sont beaux, les « costumes » et maquillages sont intéressants et l’histoire macabre que l’on découvre au fond de ce lac était intrigante. Elle aurait mérité d’être plus poussée comme tout le reste du film.
En bref, après tant de déception, il est beau d’avoir un concept racoleur et techniquement intéressant, encore faut-il l’exploiter correctement ! Ne serait-ce pas, pour The Deep House et son protagoniste Ben le Youtubeur amateur, une boucle bouclée ?
Article by Gwen !
Deuxième avis très mitigé que je lis sur ce film qui me tentait bien. Je crois que je vais renoncer à la plongée.
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Si c’est pour l’aspect technique (dont on se lasse rapidement) et pour soutenir le cinéma de genre français pourquoi pas, mais sinon autant aller voir autre chose ! – Gwen
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ça tombe bien, j’ai d’autres plans.
Merci.
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