The Wicker Man, l’horreur folklorique

« Vous ne comprendrez jamais, la vraie nature d’un sacrifice. »

Après avoir reçu une lettre anonyme, le sergent Neil Howie est envoyé sur l’île de Summerisle au sud de la mer d’Écosse, afin d’enquêter sur la disparition d’une jeune fille nommée Rowan Morrison. L’hostilité des habitant·e·s le fait douter quant aux véritables intentions de cette population.

1973, le monde découvre l’un des plus grands films d’horreur jamais réalisé, l’Exorciste de William Friedkin faisant de l’ombre à toutes les autres œuvres sorties au même moment. C’est dans ce contexte que sort Le Dieu d’osier aka The Wicker Man, réalisé par Robin Hardy et inspiré par le roman Ritual de David Pinner de 1967.

Œuvre incontestable du cinéma britannique, dont le remake de 2006 de Neil Labute, qui malgré un jeu d’acteur plutôt plaisant de Nicolas Cage n’a pu égaler l’original, est l’un des premiers films qualifié de folk horror. Un sous-genre arrivant de Grande Bretagne qui a connu son âge d’or à la fin des années 1960 et au début des années 1970 mettant en avant des thèmes principalement basés sur la religion et la nature, et qui s’est vu renaître de ses cendres récemment avec le réussi Midsommar d’Ari Aster en 2019.

Dans The Wicker Man, on suit un sergent de police interprété par Edward Woodward (Robert McCall dans la série des années 80, The Equalizer), qui partit enquêter sur la disparition d’une jeune fille sur un îlot écossais, se retrouve confronté à un monde qu’il n’imaginait guère. Catholique invétéré, ce personnage plutôt classique dans sa construction psychologique, est en opposition totale avec les mœurs des habitant·e·s de la région. Une île à l’allure picturale, que ce soit dans l’incroyable esthétique des plans, aux couleurs chaudes et vibrantes, aux décors contemplatifs et hypnotisant, jusqu’à l’intrigue en elle-même dans laquelle rites païens et sacrifices humains y sont des éléments primordiaux. La confrontation entre le catholicisme du protagoniste et le paganisme des habitant·e·s qui s’y dégage, va construire ce récit où se pose la question de la dévotion religieuse.

Lorsque le personnage de Neil Howie arrive à destination, il est dépendant du mutisme des habitant·e·s qui nient l’existence de cette jeune Rowan, qu’on ne semble ni connaitre dans le voisinage, ni à l’école. C’est alors que la narration progressive commence.

Pourquoi avoir reçu cette lettre ? Pourquoi lui ?

En effet, la raison pour laquelle il est « choisi » pour cette investigation n’est en aucun cas un hasard. Par les indices semés, le·la spectateur·rice le découvre d’ailleurs à son insu, bien avant lui, enclin à une naïveté certaine.

La pudeur virginale de ce sergent de police est mise à dure épreuve lorsqu’il découvre la sexualité débridée de cette communauté. Entre relations sexuelles à la vue de tou·te·s et danses mystiques durant lesquelles la femme est perçue comme un symbole de fertilité et de spiritualité, en totale synergie avec la nature, le tout souligné par des chants illuminés, faisant parfois bousculer l’œuvre à un genre plus musical.

Comportant quelques caractéristiques du cinéma d’horreur, The Wicker Man semble pourtant prédisposé à un ton plus dramatique et funeste. Neil Howie découvrira que derrière les pratiques malsaines se cache Lord Summerisle, grand chef de l’île, personnage issu d’une famille d’anciens et preuve incontestable d’abondance, brillamment interprété par Sir Christopher Lee, qui s’élucubre ici dans un tout autre registre. La puissance hérétique de ce leader qui vacille entre protecteur et gourou, témoigne d’une volonté de rendre la dernière partie de l’œuvre aussi énigmatique qu’effrayante.

La rencontre entre ces deux antagonistes se veut nécessaire. C’est à travers les yeux de cet initiateur que le sergent de police sera vu comme « l’élu » jusqu’au sacrifice final, en ce 1er mai, où englouti dans un géant dieu d’osier, il récitera les derniers psaumes de sa vie.

2 commentaires sur “The Wicker Man, l’horreur folklorique

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  1. Une critique enflammée pour un film qui le fut pas moins, comportant sans doute le rôle favori du regretté Christopher Lee.
    Un film remarquable sur l’affrontement des philosophies et des croyances, un film sur l’obscurantisme en pleine lumière, sur les brasiers de la passion.
    A voir absolument.

    Aimé par 3 personnes

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