3 films liés à un fait divers sordide

Dark Water (2002) de Hideo Nakata

Tiré de la nouvelle éponyme (1996) de Koji Suzuki, également écrivain du roman The Ring, Dark Water est un film d’horreur japonais mettant en scène l’arrivée de Yoshimi Matsubara et de sa fille, Ikuko, dans un vieil immeuble délabré. Réalisé par Hideo Nakata, célèbre pour son adaptation de Ring et Kaidan, le film transpire de cette passion lugubre pour les légendes de fantômes (yûrei) et les créatures/phénomènes surnaturelles (yôkai), de son pays. Ils transparaissent magnifiquement à l’écran grâce au style particulier de Nakata. Contemplatif et sombre, Dark Water nous transporte dans une vie de famille compliquée, la charge mentale d’une mère en pleine procédure de divorce, prête à tout pour faire survivre sa famille et préserver la garde de son enfant. Les traumatismes d’Ikuko face à ce drame et ce changement brusque d’environnement vont lui poser quelques soucis d’adaptations dans sa nouvelle école.

Elle se retrouvera également seule lorsque sa mère, une battante luttant contre les coups bas de son mari, part travailler après des années passées en tant que mère au foyer dans une culture du travail particulièrement exigeante. Les deux femmes vont rapidement se retrouver au milieu de phénomènes paranormaux plus étranges les uns que les autres. Les mystérieuses tâches d’humidité au plafond, l’écoulement trouble de l’eau du robinet ainsi que de nombreux bruits indéfinissables vont d’abord faire penser que leur nouvelle habitation est moins salubre et décente qu’on leur a fait croire. Puis, une mystérieuse ombre commence à jouer avec Ikuko et une énigmatique petite fille fait son apparition dans les couloirs… Un remake américain du même nom réalisé par Walter Salles en 2005 avec Jennifer Connelly dans le rôle de la mère a élargi la diffusion de cette sordide histoire que le public occidental a pu découvrir plus aisément.

Un fait divers semblable au background de cette œuvre s’est déroulé en Amérique. Ici, ce n’est pas la réalité qui semble avoir inspiré la fiction mais plutôt l’imaginaire qui est devenu palpable. Un bon nombre de théories ont circulé sur l’affaire Elisa Lam (2013) bien que la Police de Los Angeles ait conclu à un délire psychotique suivi d’une mort accidentelle par noyade et sa forte ressemblance avec l’intrigue de Dark Water s’est rapidement fait remarquer. La mort de cette jeune femme canadienne d’origine hongkongaise au Cecil Hotel (connu également pour avoir été la résidence d’un des tueurs en série les plus prolifiques d’Amérique, Richard Ramirez en 1985) dans des circonstances étranges et très similaires à celle du fantôme de Dark Water a été grandement médiatisée à travers le monde, particulièrement aux États-Unis, au Canada et dans le monde asiatique. Une mini-série Netflix réalisé par Joe Berlinger, La disparue du Cecil Hotel (2021), retrace cette intrigue en 4 épisodes palpitants.


L’Affaire SK1 (2015) de Frédéric Tellier

Thriller français, L’Affaire SK1 reprend l’aventure d’un violeur et tueur en série ayant sévi dans les années 1990 à Paris : Guy Rampillon connu sous le nom de Guy Georges. Cette œuvre se concentre sur l’enquête policière qui a mené à son arrestation, et plus particulièrement sur l’inspecteur Franck Magne faisant ses premiers pas à la brigade criminelle au 36 quai des Orfèvres. Sa première mission traite du meurtre d’une jeune fille dont le responsable demeure introuvable, il commence alors à relier des dossiers similaires et se retrouve sur la piste d’un mode opératoire concordant. Néanmoins, l’inspecteur se retrouve rapidement confronter à la réalité du travail d’un policier : un terrible manque de moyens, des horaires excessifs, l’illogisme de la bureaucratie. Pendant une dizaine d’années, il tentera d’élucider ces crimes en travaillant d’arrache-pied sur une affaire en qui personne ne croit tandis que les femmes violées et tuées s’entassent les unes après les autres…

L’enquête la plus complexe qu’a connue la police judicaire française débute alors. Cette première partie du film montre les limites du système policier à la française. Tandis que ce jeune enquêteur prometteur et obsédé par l’affaire aurait pu sauver la vie de plusieurs femmes s’il en avait eu les moyens, Franck Magne se heurte à un mur d’incompréhensions et à des difficultés d’organisations au sein de la Police nationale et du Ministère de l’Intérieur.

Croisant la route d’une avocate passionnée du nom de Frédérique Pons et celle d’un autre avocat Alex Ursulet, Frank découvrira alors la face cachée de l’homme qui se cache derrière l’affaire Guy Goerges, le tueur de l’est parisien. L’Affaire SK1 est un plongeon abyssal au sein d’une dizaine d’années d’investigations, décrivant au mieux la volonté de policier·ère·s opiniâtres, de juges déterminé·e·s, d’agent·e·s scientifiques consciencieux·ses ainsi que d’avocat·e·s humanistes immergé·e·s dans une affaire retentissante, et qui cherchent à donner justice à ces femmes massacrées par un homme perturbé et terriblement violent. Pour les fans de true crime, ce film policier est actuellement disponible sur Netflix !


L’Exorcisme d’Emily Rose (2005) de Scott Derrickson

Cette œuvre d’horreur surnaturelle met en scène une jeune femme nommée Emily, vivant dans une ferme éloignée dans une famille relativement pratiquante chrétienne, qui décide d’aller étudier à l’Université et de débuter une vie citadine. Lors d’une nuit agitée, l’étudiante est en proie à des hallucinations terrifiantes et des phénomènes inexplicables commencent à faire leur apparition. Traumatisée par cette expérience, elle sera vite convaincue qu’elle est harcelée par des forces obscures et démoniaques. Sa sordide déchéance, transmise à l’écran grâce à des effets spéciaux terrifiants, un jeu de lumière déroutant ainsi que les solides compétences de l’actrice Jennifer Carpenter, va pousser le prêtre de sa paroisse, Richard Moore, à pratiquer un exorcisme. Ce rituel, poussé à l’extrême, conduit à sa mort et le prêtre sera accusé d’homicide par imprudence.

L’Exorcisme d’Emily Rose se déroule sur deux temporalités : le temps de la vie passée d’Emily dans laquelle elle va sombrer petit à petit, s’enfermant dans sa chambre, tout en développant des symptômes de plus en plus impressionnants, et le moment présent du procès de Richard Moore, qui défendu par la célèbre avocate Erin Bruner, ne cherche pas à se faire innocenter mais à raconter la vérité sur l’histoire de la jeune femme. Le déroulement du procès finira par ébranler les convictions de l’ensemble des personnes présentes, pourtant très réticentes à croire en des phénomènes paranormaux. Le film se démarque donc des autres films de possession par son approche judiciaire, dans laquelle est incorporée des flash-backs terrifiants de la vie d’Emily en plus de ne pas prendre ouvertement parti pour la pensée rationaliste ou religieuse présentées lors du procès…

L’Exorcisme d’Emily Rose est un film inspiré par une série d’événements réels connue sous le nom des 67 exorcismes d’Anneliese Michel. En 1976, cette jeune allemande succomba au bout de 8 ans de maladie et à la suite d’une série d’exorcismes pratiqués par deux prêtres catholiques romains. Pour certain·e·s, elle mourut d’une possession, d’autres pencheront vers une maladie neurologique mal comprise qui causa des fortes transformations de son cerveau et qui expliqueraient ses nombreuses crises d’épilepsie. Elle arrêta également de s’alimenter vers sa fin de vie. Dispo sur Netflix, le film est une reprise de cette tragique histoire, américanisée et transformée pour correspondre davantage aux attentes d’un public friand d’horreur.


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