Utena, la fillette révolutionnaire (少女革命ウテナ ou Shōjo kakumei Utena) est une série d’animation nippone de 39 épisodes (Studio J. C. Staff, Kunihiko Ikuhara, 1997) doublée d’un film d’animation, Apocalypse de l’adolescence sorti en 1999. Son succès au Japon et ailleurs a aussi permis la création d’un volume one-shot sur l’histoire du film, d’un opéra de type takarazuka ainsi qu’un jeu sur console Saturn.
L’histoire de cet anime est la suivante : Enfant, Utena perd ses deux parents. Cachée dans un cercueil en attendant sa propre mort afin de les rejoindre, la jeune fille sera sauvée par un « prince » qui lui redonnera l’envie de vivre ainsi qu’une bague sertie d’un symbole de rose comme indice pour le retrouver lorsqu’elle sera plus âgée. Utena, marquée viscéralement par cette rencontre, décide alors de devenir un prince à son tour, malgré le fait qu’elle soit née de sexe féminin, et d’aider son prochain à n’importe quel prix.
Le caractère touchant et sincère de la jeune Utena dénote au sein de l’académie Ohtori pleine d’intrigues mondaines, de duels vicieux et de relations malsaines entre élèves. Elle se retrouve alors mêlée à une mystérieuse compétition entre les membres du conseil des élèves. Recevant des étranges lettres venues des « Confins du Monde », ils et elles se livrent des duels à l’épée pour obtenir le pouvoir de révolutionner le monde, symbolisé par la possession de la Fiancée de la Rose, Himemiya Anthy, qui a l’obligation de se dévouer corps et âme au vainqueur des combats. Un jeu d’intrigues fantastiques, politiques et amoureuses se met alors en place dans la forêt qui borde l’Académie. Un énigmatique château inversé et voilé apparaît, ainsi qu’une scène pour les duellistes. Les batailles pour prendre possession de la jeune femme commencent alors et Utena, terriblement choquée par ce procédé et par les sévices infligés à Anthy, cherchera à rester la grande gagnante tout au long de la série, permettant ainsi à la Fiancée de la Rose de réfléchir à ses réelles envies.
S’inspirant du genre littéraire esu (qui désigne également des pratiques sociales du XXe au Japon dans lesquelles deux écolières d’âges différents vont découvrir la sexualité et avoir des relations intimes ensemble), Shōjo kakumei Utena met davantage en scène des relations définies comme de la pansexualité. Les deux jeunes filles se retrouvent dans un monde qui ne leur veut pas du bien, et qui cherche à les « salir » tandis qu’elles trouveront l’une en l’autre une certaine forme de salut. Elles chercheront alors à s’éloigner des hommes qui les utilisent pour la plupart (mais plus globalement de toutes les personnes cherchant à changer le monde d’une manière égoïste), afin de vivre cette « amitié protectrice » qui constitue à leurs yeux la forme d’amour la plus pure.
Cette série aux intrigues romantique, yaoi et yuri, transgenre, érotique et platonique, s’inscrit dans un récit sur des thématiques éthiques très puissantes comme l’identité, l’amour, le libre-arbitre et le dépassement des normes sociales. Des sujets chouchoutés par sa créatrice, la mangaka Chiho Saito, fortement inspirée par la protagoniste principale du célèbre Lady Oscar de Ryoko Ikeda.
Allégorique et surréaliste, cet anime est une perle japonaise en terme d’esthétique, inspirée du théâtre d’ombres nippon et du théâtre takarazuka, et de réflexions éthiques sur la sexualité, les normes à éviter, et les revendications sociales. Bien que les techniques d’animation des années 1990 soient bien dépassées de nos jours, Shōjo kakumei Utena se regarde toujours avec entrain et émerveillement.
Il s’agit sans aucun doute de l’une des meilleures séries d’animation japonaise des années 1990 avec Fushigi Yugi, Harlock Saga, Sailor Moon, Serial Experiments Lain, Gunnm, Neon Genesis Evangelion, Tenchi Muyo !, Cardcaptor Sakura, Slayers, Les Chroniques de la guerre de Lodoss et Vampire Princess Miyu. Très en avance sur son temps, elle aborde la nécessité de « révolutionner le Monde » lorsque celui-ci paraît injuste, conservateur et liberticide. Une œuvre hautement esthétique, magique, théorique et fantasmagorique à dévorer sans aucune modération !
Chiho Saito n’est pas l’autrice de « Lady Oscar » ! Renseignez vous un peu avant de raconter n’importe quoi…
Le manga s’appelle la Rose de Versailles, c’est un immense classique de Riyoko Ikeda.
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Effectivement ! Elle s’en est beaucoup inspirée mais elle n’est pas la mangaka. Je me suis emmêlée les pincettes. Merci beaucoup de votre précision 😉
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