Après des épisodes un peu décevants de la première moitié de la série, Star Trek: Picard revient en force, trouve enfin son intrigue et reprend certains éléments de la série originelle (Star Trek: Next Generation).
Après les retrouvailles quelques peu stressantes, et un peu rapides, de Picard avec Lou/Hugh et les ancien.ne.s Borgs1, l’histoire de Soji continue de bon train avec, enfin, le réveil de la mémoire de cette dernière, aidée par un rituel romulien orchestré par son amant Narek, agent du Tal Shiar. Confiante, Soji dévoilera malheureusement une information capitale aux Romuliens. À savoir l’emplacement de son foyer via un indice aperçu dans ses visions : l’endroit où elle a été construite serait une planète avec deux lunes rouges et des éclairs. La jeune femme sera ensuite enfermée dans la pièce du rituel avec des radiations mortelles. Face à sa propre destruction, Soji s’éveillera en tant que synthétique en détruisant le sol sous ses pieds. La jeune synthétique va alors s’échapper et décide à la va vite de suivre Jean-Luc, venu la sauver avec l’aide de Lou/Hugh2. Le vaisseau de Rios, La Sirena, s’échappe alors de l’orbite du cube Borg, relâché volontairement par les romuliens dans le but de retrouver Soji et Picard. Le samouraï romulien, Elnor, reste quant à lui coincé au sein du cube et cherchera à sauver les borgs individualisé.e.s restants, tout en respectant le serment qui le lie à Jean-Luc. Un traitement du personnage, pour le moment, très peu développé.
Star Trek: Picard reprend alors les bonnes habitudes de son prédécesseur : un Jean-Luc honnête et humaniste qui ressent le besoin insatiable de se racheter, d’aider à nouveau des êtres en difficultés. L’épisode 7 est de loin l’épisode le plus « Star Trek » de cette nouvelle série. C’est bien les états d’âme de Soji et les difficultés qu’elle va devoir affronter suite à ces révélations qui vont permettre de retrouver l’ambiance, les dialogues, et l’humanisme propres aux anciennes séries. L’ancien capitaine est même plus que sincère avec Soji : il cherche à l’aider parce qu’elle est la fille de Data mais surtout parce qu’il était en train de dépérir, seul, sans action concrète dans son vieux manoir de La Barre et qu’il brûle, encore et toujours, d’envie d’être à nouveau utile à quelqu’un. Une recherche de rédemption, en somme, qui fait de l’amiral un personnage profondément humain.
Picard et Soji iront se réfugier chez deux ancien.ne.s camarades de l’Enterprise : William Riker (Jonathan Frakes) et Deanna Troï (Marina Sirtis) vivant sur la verdoyante planète Népenthès, cultivant leur potager et élevant leur fille, Kestra (nom de la défunte sœur de Deanna qui a le droit à son épisode dans la série Next Generation) qui aidera d’ailleurs Soji à accepter son destin et à, une nouvelle fois, faire confiance aux autres. Même si la nostalgie est bien là, les scénaristes resteront concentré.e.s sur la nouvelle aventure de cette série : le voyage de Soji. Picard, jugé habituellement sur son ego par tous les personnages apparus petit à petit dans la série, est enfin en territoire connu. William Riker le lui répétera d’ailleurs : il n’est pas là pour lui faire sa morale, et pour juger ses actions. Ce dernier respecte bien trop le meilleur capitaine du monde, comme il l’aura avoué à sa fille. Picard a confiance en ses camarades, et le couple rappellera les nombreuses actions positives que leur ancien capitaine a réalisé dans un but profondément altruiste. Et c’est avec les demandes répétées de William et Deanna que Picard acceptera, malgré la peur de les entraîner dans une fâcheuse histoire, leur hospitalité. Jean-Luc avait besoin d’un refuge, il s’est donc tourné vers les seules personnes en qui il pouvait avoir confiance et cela se sent (ce fait est amplifié par le grand naturel et l’alchimie dont feront preuve les acteurs, semblant réellement heureux de se retrouver, à nouveau, sur un tournage de Star Trek). Une confiance, que Soji ne possède pas. Seule, et encore sous le choc de sa tentative d’assassinat par Narek, elle semble totalement perdue.
On en apprend alors davantage sur l’histoire des anciens compagnons de Picard : leur premier enfant, un fils du nom de Thaddeus, ayant grandi sur un vaisseau de la Fédération, tomba gravement malade. Suite à cet événement dramatique, la famille Troï-Riker décida de tout quitter pour vivre paisiblement à la campagne afin de manger des produits non-synthétisés et de vivre dans un environnement sain, espérant ainsi donner à leurs enfants une meilleure qualité de vie et un véritable foyer. Deanna, et son éternel talent de psychologue, expliquera à Picard d’écouter les souffrances de Soji, qui après avoir été trahie par son amant romulien, doit faire face à une terrible réalité : tous ses souvenirs ont été implantés et l’humanité qu’elle croyait la caractériser vole en éclats au profit de sa condition de synthétique. C’est alors qu’on apprend la vérité sur la mort de leur premier enfant du couple : souffrant d’une maladie neurologique guérissable par des cellules synthétiques mais interdites par la Fédération suite au conflit martien, Thaddeus n’a pas pu être soigné. Deanna ajoutera alors à l’attention de Soji qu’être « biologique » c’est-à-dire « réelle » dans le vocabulaire de la jeune synthétique n’est pas toujours une bonne chose, car c’est bien le pouvoir de la positronique et des synthétiques qui aurait pu sauver son enfant de la mort. Ce n’est donc pas la forme qui compte mais bien l’intention qui caractérise un être vivant, pensant et sentient. Une politique xénophobe et sécuritaire de la Fédération aura donc causé la perte de leur fils mais aussi les souffrances de leur fille, profondément attachée à son frère. La solution à ce conflit, comme le suggère Picard depuis le tout début de sa prise de commandes de l’Enterprise dans Star Trek: Next Generation, ne serait-elle pas l’harmonie et la synthèse entre toutes formes de vie, pour en ressortir le meilleur ? Jean-Luc et son ancien équipage ayant toujours été prêts à critiquer les ordres de la Fédération lorsque celle-ci en oubliait ses propres valeurs éthiques et morales, clamant que la fin ne justifie pas les moyens, se sont alors éloigné.e.s de cette Fédération les ayant abandonné.e.s, après tous les sacrifices et les efforts dont ils.elles avaient fait preuve, notamment à bord de l’Enterprise. L’ancien second expliquera d’ailleurs à son capitaine de cœur qu’il lui faudrait une très très bonne raison pour accepter de rejoindre une nouvelle fois Starfleet.
Parallèlement à ces retrouvailles émouvantes, l’état mental de Agnès continue de se dégrader, suite au meurtre de son amant, le docteur Maddox3. On apprend alors que Agnès a été recrutée par la cheffe de la sécurité de Star fleet, le commandeur Oh, pour empêcher la création d’êtres synthétiques qui pourraient renverser, de par leur puissance, la domination des êtres biologiques. Cette dernière utilisera alors la technique de projection mentale vulcaine pour faire apercevoir à Agnès ce que serait le monde si les synthétiques venaient à se développer. Sachant que cette technique est particulièrement dangereuse pour les humain.e.s, cette haute-dignitaire de Starfleet semble oublier les conséquences désastreuses d’un tel procédé sur un esprit sensible. Agnès, sous le choc, accepta ainsi d’avaler un traceur qui la localisera partout dans la galaxie. Après avoir été réconfortée par Raffi avec la technique de Deanna Troï (un gâteau au chocolat synthétisé accompagné de son chocolat au lait, oui c’est bien du fan service mais j’adore), elle cherchera au final à mettre fin à cette alliance lorsqu’elle comprend que Rios commence à douter de Raffi. Ses deux camarades se posent alors de plus en plus de questions sur le fait que la vaisseau semble être suivi à la trace par le vaisseau romulien. Agnès s’injectera elle-même une neurotoxine rendant le traceur inefficace mais la plongeant dans un profond coma.
Dans l’épisode 7, on retrouve (enfin) des dialogues pleins de bons sentiments, des discussions positives et éthiques (presque) dignes de Star Trek: Next Generation, loin des caractères un peu difficiles et peu enclins à la communication positive des membres de l’équipage de La Sirena. À ce sujet, Jean-Luc confiera à son vieil ami Will que ses nouveaux camarades sont bien plus compliqué.e.s que les membres de l’équipage de l’Enterprise et qu’ils et elles semblent trimbaler plus de casseroles, chacun.e, que tou.te.s ses ancien.ne.s camarades réuni.e.s. Des souffrances et des personnalités négatives, caractéristiques de ces nouveaux personnages, des exclu.e.s, des rebelles, ou des victimes de la société du XXIVe siècle, bien formées par des défaillances des politiques de la Fédération : dans les heures les plus sombres d’une civilisation galactique, ses citoyen.ne.s ne sont-ils.elles pas impacté.e.s à un niveau individuel ? C’est encore là que Picard, ressourcé par le fait d’avoir obtenu le soutien de ses ancien.ne.s ami.e.s, va faire fi de ce qui cloche au sein de sa très regrettée Fédération des Planètes Unies, pour conduire Soji vers son Ardani comme Thaddeus l’aurait nommé, le véritable foyer de la jeune femme, la seule quête qui est encore en son pouvoir. La course effrénée pour la découverte de la planète d’origine de Soji débute enfin et l’intrigue prend tout son sens. Le jeu de pistes est à son comble et cet épisode 7 de Star Trek: Picard nous offre une belle leçon d’humanisme, ou devrait-on dire, d’anti-spécisme et d’universalisme 🖖
1 Les traumatismes de Jean-Luc Picard lors de son assimilation par les Borgs dans la série Next Generation auraient été plus qu’intéressants à développer, faisant alors suite aux nombreux épisodes autour de cette thématique.
2 Lou/Hugh, ancien Borg libéré du collectif dans Star Trek: Next Generation est un personnage particulièrement intéressant dans l’univers Star Trek. Les thématiques de l’individualité, de l’intégration, de la socialisation et de la conscience collective ont ainsi été abordées de différentes manières en faisant écho à de nombreuses théories sociologiques dont la théorie de Durkheim sur les différentes types d’intégration.
3 Maddox est un chercheur fortement intéressé par Data dans Next Generation. Il avait cherché à réaliser des expériences sur ce dernier, créant ainsi un magnifique débat mis en scène dans l’ancienne série sur l’éthique avec la question suivante : un.e synthétique dispose-t-il.elle des mêmes droits que les autres êtres vivants ou est-ce un simple objet dont la Fédération peut disposer comme elle le souhaite ? Un débat éthique toujours d’actualité, notamment dans les perceptions de nos sociétés humaines envers les animaux mais aussi envers les intelligences artificielles.
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