Après un petit temps d’adaptation à cet nouvel univers Star Trek que donne le ton des deux premiers épisodes de la série, cette œuvre nous balance en plein dans un complot galactique, une société de corruption et des secrets bien mystérieux.
Soji, scientifique synthétique sans le savoir, continue son travail à bord de l’Artefact, ce cube borg séparé du Collectif et placé sous contrôle scientifique romulien, tout en menant sa vie amoureuse avec Narek, un Romulien travaillant secrètement pour le Tal Shiar. Celui-ci semble également éprouvé des sentiments pour elle (même s’il s’agit avant tout de curiosité scientifique) et le spectateur sent déjà venir le dilemme de ce jeune homme pour la suite de l’aventure…
De leur côté, l’équipe de Picard cherche et retrouve le Docteur Maddox capturé par une espèce de mafia galactique sur Freecloud, une planète de contrebande et de finances malfamée, tout en recrutant de nouveaux.elles camarades.
Une nouvelle troupe constituée d’un jeune romulien réfugié du nom d’Elnor élevé parmi une communauté féminine et religieuse de tueuses à gage honorables, une scientifique névrosée du nom d’Agnès Jurati ayant travaillé avec le Docteur Maddox et qui semble en savoir davantage sur Soji que ce qu’elle veut bien le dire, Raffi l’ancienne camarade de Starfleet ayant soutenu Picard par le passé et devenue alcoolique, enfin Rios, un capitaine de vaisseau accro aux cigares et son hologramme médical sérieux et impliqué. Bien loin de ses camarades de l’Enterprise, Picard prend néanmoins la tête de l’aventure et, aussi têtu qu’il puisse l’être, trace son chemin jusqu’à Soji. La dernière chose qu’il souhaite réaliser avant de mourir étant d’aider cette jeune femme à comprendre qui elle est.
L’intrigue avance à petit pas, doucement mais sûrement, en mêlant des conflits d’intérêts permanents qui ne trouvent pas de solutions ainsi que des personnages en perte de repères.
Un traitement peu original pour cette saga de renom qui s’écrase complètement devant les attentes d’un nouveau public plus friand de gore, de scènes d’action, de conflits d’intérêts et de cynisme. Rien d’étonnant pour une nouvelle œuvre d’être enfermée dans les codes de son époque, me direz-vous. Néanmoins, l’Amiral Picard perd quelque peu de son côté humaniste et philosophe pour jouer au « papy conseil » débordant de bonté et de fierté. Il ne désespère cependant pas et représente d’ailleurs le seul personnage positif de la série. Les autres protagonistes étant très différent.e.s de ce que Star Trek: Next Generation a pu nous offrir par le passé. Accompagné de sa petite équipe de contrebandiers, d’alcooliques et scientifiques névrosé.e.s et d’une sorte de samouraï romulien n’hésitant pas à couper des têtes au passage, Picard apparaît comme plus calme, plus discret, surfant sur la vague de l’humour et du comique de situation. Bloqué.e.s chacun.e.s dans leurs souffrances passées, les protagonistes passent plus de temps à les exprimer à l’écran qu’à agir en conséquence pour les dépasser et redevenir ces modèles de cohésion, de communication et de bienveillance que formaient les membres de l’Enterprise. Cette série parle bien de sentiments et d’émotions oui, mais peu de pensées constructives et de coopération au final. La série n’offre que peu de positivisme !
Il est facile de sombrer dans l’émotivité des personnages pour tenir le spectateur en haleine, cependant le traiter de manière subtile et intelligente semble ne plus être à la page pour ces nouveaux scénaristes. Peut-être que l’arrivée soudaine d’un.e vulcain.e pourrait changer la donne ?
Même si le but étant, sans doute, de montrer aux spectateurs les faiblesses d’un homme qui n’a plus son statut d’antan, ses dialogues et son discours n’ont plus autant de consistance et de prestance que ceux d’un Capitaine Picard qui avait fait vibrer des générations entières. À la place de mettre en scène un modèle de société et de conduite tel que dans les anciennes séries Star Trek, cette nouvelle série s’est bien relayée au rang de « série comme les autres » montrant des personnages et leurs souffrances, leurs doutes et leurs faiblesses, dans un nouvel univers plus que négatif au sein même de la Fédération. Une bonne critique sociale, certes, puisque toute utopie risque le déclin si l’on ne reste pas assez prudents mais une critique d’un certain ennui pour un univers aussi riche que celui de Star Trek…
Une soirée cocooning devant Star Trek dans l’espoir de vous poser des questions philosophiques qui traîneront dans votre tête jusqu’au petit matin ? Oubliez ça le plus vite possible avec Star Trek: Picard !
Le traitement du personnage de Seven of Nine semble davantage recherché. Cette dernière devenue Ranger dans la nouvelle zone neutre entre la Fédération et l’espace romulien s’est évertuée à aider la population souffrante en protégeant les plus démuni.e.s. La mort de Icheb (capturé et découpé pour ses implants borgs afin de les revendre aux plus offrants), son fils d’adoption que l’équipe du Voyager avait séparé du Collectif Borg dans Star Trek: Voyager, pose la question récurrente de l’humanité de Seven. Le choix de lui offrir la mort plutôt que le laisser doucement souffrir et dépérir sans ses implants est-il lié à une vision utilitariste, l’apanage des machines, ou un acte d’empathie profonde ? La question trouvera sa réponse lorsque le spectateur se rend compte que Seven souhaite venger la mort de son « fils », une émotion plus qu’humaine, en détruisant le bar dans lequel se trouve la commanditaire de son enlèvement, ses acolytes mais aussi elle-même. Picard interviendra justement à ce sujet en expliquant calmement à Seven que la vengeance n’est pas forcément la justice. Même si les émotions sont humaines, il reste important de les contrôler si l’on veut atteindre une harmonie entre les êtres vivants et atteindre une certaine justice sociale. La Fédération, fortement inspirée par la culture vulcaine, l’avait pourtant bien compris il y a 40 ans déjà. Seven reviendra néanmoins en douce se venger de son ancienne partenaire, initiatrice de ce traffic d’implants Borgs, causant de ce fait la triste agonie d’Icheb. L’ancienne Borg lui dira à ce sujet qu’elle ne souhaite pas briser « les espoirs d’un Picard trop humaniste » avant de venger brutalement la mort de son enfant.
Il s’agit malheureusement de l’une des seules phrases dite par l’Amiral Jean-Luc Picard, en trois épisodes de plus de 40 minutes chacun, qui nous fera penser, avec beaucoup de nostalgie, à ses fabuleux discours et argumentaires engagés des années 90.
Au final, la série tarde toujours à trouver son identité entre les anciennes séries Star Trek des années 1980 – 1990 et les séries plus modernes qui placent des protagonistes principaux ne cachant plus leurs défauts et leurs mauvais côtés dans un univers davantage sombre. Star Trek: Picard reste pourtant une série bien réalisée, aux jolies séquences d’actions, aux couleurs vives, et aux décors impressionnants, tenant sur un scénario presque policier à certainement regarder sans la comparer à ses prédécesseurs si l’on ne veut pas être déçu.e.
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