Le Manoir du chat fantôme, le rêve d’un Allan Poe nippon ?

Réalisé par Nobuo Nakagawa, Le Manoir du chat fantôme aka Bôrei kaibyô yashiki (1958) est un film classique du cinéma d’horreur japonais.

Entre le mystérieux Kuroneko (Kaneto Shindo, 1968) et le folklore divers mis en scène dans Kwaïdan (Masaki Kobayashi, 1965), on retrouve Le Manoir du chat fantôme tant dans la qualité de l’audiovisuel que dans l’atmosphère typiquement asiatique et fantasmagorique de ces œuvres.

Un film de yôkai aux allures théâtrales, Le Manoir du chat fantôme retrace l’histoire d’un médecin qui déménage dans une demeure vétuste et réputée hantée en compagnie de sa femme malade. Pour cette jeune femme souffrant de la tuberculose, s’éloigner de Tokyo et vivre dans un endroit plus aéré en campagne était pourtant le gage d’une vie meilleure… Très vite, des apparitions mystérieuses, des bruits angoissants et des phénomènes inexpliqués vont se manifester jusqu’à ce que la malédiction cloue au lit l’épouse du docteur. Cherchant à comprendre ce qui a déclenché cette persécution fantomatique sur son couple et sa maisonnée, l’homme part à la recherche d’une personne « de mémoire ». Villageois de longue date, médium, chaman ou prêtre, ce dernier pourra apporter davantage d’informations à ce couple désœuvré maudit par un yôkai aux allures de mamie aux grandes oreilles touffus. Un « monstre » typiquement japonais représentant un amoncellement d’esprits félins fusionnés en une seule entité, né de la rancune de chats cobayes d’expériences cruelles. Un yôkai prénommé le bakeneko, si présent dans la littérature et la cinématographie nippones (Mon voisin Totoro, Kuroneko, Ju-on/The Grudge, Bakemonogatari, Ayakashi: Japanese Classic Horror et bien d’autres œuvres audiovisuelles). Figure plus que classique de l’horreur folklorique, la femme-féline (bakeneko) rappelle la kitsune (femme renarde) ou encore l’onryô féminin aux longs cheveux noirs vêtu de blanc (d’Oiwa de la célèbre pièce kabuki Le Fantôme de Yotsuya à la Sadako Yamamura de Ringu d’Hideo Nakata).

Un long-métrage assez court (d’à peine une heure) d’une certaine lenteur où le spectateur a l’occasion de contempler des scènes mystérieuses dans lesquelles l’horreur ne joue pas sur la surprise mais sur une présence de plus en plus grandissante, lente et malgré tout puissante d’une créature indéfinissable qui ne cherche que la vengeance…

L’ancien manoir présenté dans la pénombre, le noir et le blanc fantasmagoriques de l’œuvre, les couleurs soudaines des souvenirs racontés en images, des ombres projetées sur les murs en papier blanc de la demeure, une ambiance de légende doublé d’un univers sombre, la maladie de l’épouse qui fait d’elle une « entité de l’entre-deux », ce film nous remémore le monde d’Allan Poe ou de H.P. Lovecraft qui aurait fusionné avec les ectoplasmes des célèbres Kaidan, Histoires étranges, de Lafcadio Hearn dans un environnement à la jidai-geki style !

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