Prenez 2001 l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968), mettez-y un peu de Event Horizon (Paul W.S. Anderson, 1998), une pincée de Cloverfield Paradox (Julius Onah, 2018), et une cuillerée de Solaris (Steven Soderbergh, 2002), un remake du premier film d’Andreï Tarkovski sorti en 1972, et vous obtenez Nightflyers (Jeff Buhler, 2018), la nouvelle série Netflix horreur/science-fiction.
Même si l’idée est bonne et le scénario assez prenant (il s’agit tout de même de l’adaptation d’une nouvelle de George R. R. Martin, le père créateur de Games of Thrones, parue en 1980), la série Netflix Nightflyers n’arrive pas à la cheville d’un des films cités précédemment.
Pourtant, l’ambiance particulièrement dérangeante de Nightflyers peut faire frémir : un phénomène étrange au-delà de notre système solaire intrigue les scientifiques terriens. Dans une vision catastrophiste de l’espèce humaine, notre planète Terre est sur le point de mourir. Trop de pollution et pas assez de mesures ont été prises lorsqu’il était encore temps, l’humanité se meure petit à petit sur son berceau tandis qu’un espoir apparaît loin dans l’espace. Une anomalie spatiale nommée Volcryn, peut-être un vaisseau transportant des formes de vie extraterrestres, représente l’ultime solution d’une humanité au bord de l’extinction. La trame prend vie en 2093, Karl D’Branin, astrophysicien ayant perdu son enfant, part sur le Nighflyer dans le but de participer à une mission de premier contact avec le Volcryn. Afin d’établir un lien avec ces étranges aliens (qui seraient télépathes au passage), notre protagoniste principal insiste pour emmener à bord un L-1 du nom de Thale (télépathe aux pouvoirs psychiques plus qu’impressionnants). Et rapidement, un bon nombre de dysfonctionnements et d’étranges événements vont rendre ce voyage spatial chaotique et dangereux.
Franchement, en voyant les réactions un peu stupides des protagonistes à bord du Nightfyer, on comprend vite pourquoi l’humanité ne fera pas long feu. Des agents de sécurité nerveux aux scientifiques déconnectés de leur mission principale, la situation à bord du vaisseau tourne vite au cauchemar avant même son arrivée dans la zone d’influence du Volcryn… l’astrophysicien Karl à la recherche d’un moyen de revoir sa petite fille morte ; le L-1 Thale aka le télépathe sociopathe drogué en pleine crise d’adolescence ; Dr Agatha Matheson, psychiatre en charge du L-1 qui s’entiche à nouveau de son ex-compagnon qui n’est autre que Karl ; Rowan, le xéno-biologiste à la Woodstock ; Roy Eris, un capitaine holographique et voyeur qui n’est pas très doué pour rassurer son équipage ; le Nightflyer, un vaisseau habité par la conscience schizophrène de sa créatrice et enfin Lommie, une informaticienne ultra-sensible et adepte des mondes virtuels. Tout ce beau monde embarqué au bord du vaisseau censé sauver l’humanité ? Il s’agit sans doute du pire équipage impliqué dans un voyage spatial depuis Dark Star (John Carpenter, 1974).
Si l’on voit cette série comme un Event Horizon qui aurait tiré en longueur, saupoudrée d’une pincée « philosophique » sur la place de l’altérité dans la civilisation humaine, Nightflyers est une série à en couper le souffle ! Du suspense, des morts violentes et étranges, des événements mystérieux et horrifiques vont crescendo mais c’est l’univers et les thématiques abordées dans cette œuvre qui restent malgré tout intéressantes. Il s’agit, entre autres, de la question de la relation entre Machine et Conscience visible via plusieurs intrigues : la communication entre le Volcryn et les L-1, entre la conscience du Nightflyer et la cybernéticienne Lommie. Au-delà d’être un film parlant d’intelligence artificielle et de ses moyens de communication, il s’agit surtout de traiter de la communication sous toutes ses formes. La trame principale étant davantage liée à la recherche d’une solution, technologique ou non, pour établir un contact avec un « autrui » sensiblement différent de soi et des différentes manières de l’aborder. Les protagonistes restent attachants puisqu’ils sont émotionnellement tous à la dérive, ce qui ne s’arrange pas lorsqu’ils arrivent dans la zone d’attraction du Volcryn.
Une intrigue bien amenée, des contacts étranges et déroutants avec les habitants du Volcryn ainsi qu’avec la conscience du Nightflyer, un espèce d’holodeck-souvenir qui permet à Karl de revoir sa petite fille décédée, la rencontre avec une secte de femmes en furie cannibales rajoutent un peu de piment à cette histoire qui a tendance à tourner un peu vite en boucle dans le désespoir de ce voyage spatial sans issue…
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