The Haunting of Hill House, série Netflix réalisée par Mike Flanagan, raconte l’histoire d’une famille et d’une maison infestée de fantômes. Un ancien manoir ayant poussé parfois à la mort et à l’obsession.

On retrouve une double narration oscillant entre passé et présent ce qui peut parfois porter à confusion au début, mais devient plus clair au fur et à mesure de la série. Bien qu’il s’agit avant tout d’un roman, d’un point de vue cinématographique, on y ressent une forte influence au maitre incontesté de la littérature horreur à savoir Stephen King où tout comme dans le roman et film ÇA (1986-1990), la première partie est dédiée au passé des personnages, lorsqu’ils sont enfants (ici dans les 5 premiers épisodes) puis la deuxième partie s’intéresse aux protagonistes une fois adultes. L’autre influence qui apparait comme encore plus évidente est Rose Red (2002) où tout comme Hill House, ce grand manoir est avant tout un antre de l’illusion, pouvant mener parfois à des tragédies.
Il faut dire que cette série est très bien ficelée, la narration et la suggestion qui en découlent sont à la fois brillantes et efficaces, sans superflu, rien n’est laissé au hasard. Flanagan submerge le public avec des révélations surprenantes (l’origine de certains fantômes) et arrive ainsi à construire un monde atypique où le véritable protagoniste reste peut-être cette maison labyrinthique remplie de secrets.
Le grand plus de cette série reste sans nul doute le cast appréciable et brillant, que ce soit les acteurs connus comme Henry Thomas (le Petit Elliott dans E.T) ou Carla Gugino (Spy kids, Watchmen) ou les méconnu·e·s et tout particulièrement les enfants qui nous offrent une interprétation remarquable qu’on ne peut qu’applaudir.
Hill House procure un mix d’émotions où la peur finit par laisser place à des sentiments plus forts pour le spectateur, en étant confronté aux problèmes plus personnels des personnages avec comme principaux leitmotivs, l’amertume et le déchirement d’une famille. Parmi le bon nombre de productions Netflix, The Haunting of Hill House sort du lot et redonne espoir au cinéma de genre, qui avait perdu de son ardeur.
L’univers fantasmagorique de The Haunting of Hill House
Cette série donne au public l’impression d’entrer dans plusieurs mondes distincts mais liés ensemble par le fil rouge du destin de cette maudite bâtisse. Il s’agit d’abord de cette temporalité transformée, qui vient renforcée l’ambiance étrange et fantasmagorique de l’œuvre. Même lorsqu’on sait les protagonistes en sécurité, dans le présent et hors de la maison, la peur vient nous broyer les intestins puisque leurs pensées, elles, n’ont jamais quitté les lieux. Le passé des personnages revient à la charge de façon parfois abrupte, l’histoire de ces murs, le drame ayant eu lieu dans l’étrange manoir Hill House, et un présent compliqué dans les relations affectives entre les personnages lors de leur triste retrouvaille. Outre ce réel anxiogène, le fantasmagorique prend une part au début discrète mais de plus en plus imposante de la trame de The Haunting of Hill House.
Un mélange de l’horreur du réel et du surnaturel merveilleusement bien agencé. Commençant tout d’abord par l’angoisse de la réalité (avec un Luke héroïnomane, un père absent à la suite des événements qui se sont déroulés à Hill House et les problèmes affectifs de Steven et de ses sœurs) reflétant de lourds problèmes du quotidien et des traumatismes d’enfance. Quand soudain, le ton de la série change au sein d’un même épisode. On passe alors d’un quotidien douloureux à une montée de l’horreur fantastique, parfois surprenante. Des visions fantomatiques éparpillées dans les scènes, puis des séquences retraçant l’histoire du drame ayant eu lieu dans l’étrange domaine de Hill House (et ce sur plusieurs époques différentes) et enfin l’arc narratif de la Dame au cou tordu qui représente parfaitement ce double jeu et qui renverse de façon exemplaire la notion du temps. Une temporalité étrange et déroutante rappelant la maison hantée de la saga Ju-on/The Grudge (initié par Takashi Shimizu dans les années 2000).
Finalement, le véritable protagoniste de cette série est bien la maison et ses fantômes, devenus des parties d’elle-même. Les personnages que la série nous fait suivre durant ces épisodes sont, eux aussi, le public d’un phénomène bien plus important…
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