Over Your Dead Body, le théâtre au cinéma

Magnifique adaptation de la légende d’Oiwa et de la pièce de théâtre kabuki, Yotsuya Kaidan (Tsuruya Namboku IV, 1825) retraçant l’histoire d’amour d’Oiwa et de Iemon ainsi que la terrible vengeance du spectre d’Oiwa, Over Your Dead Body aka Kuime est un film fantastique/horreur réalisé par Takashi Miike et sorti en 2014. Deux comédien·ne·s et amant·e·s, Kosuke et Miyuki, doivent interpréter sur les planches, la pièce Le Fantôme de Yotsuya. Le voile séparant la fiction et la réalité se disperse alors et tandis qu’iels confondent leurs visions et le quotidien de la mise en scène, d’étranges meurtres se multiplient en coulisse…

Takashi Miike nous offre ici un film hautement esthétique, reprenant les codes du théâtre kabuki, qui fera monter, plus que l’angoisse, la fréquence des illusions et des hallucinations jusqu’au point où le public ne sait plus dans quelles sphères ont lieu l’action. Une mise en abyme entre le réel et la scène nous est présentée à travers notre écran. Un déroulement de l’action typiquement nippon puisque les apparitions fantomatiques sont rarement directes dans le J-horror mais davantage suggérées. Elle demeurent insidieuses, et voguent entre le rêve et l’illusion par l’intermédiaire d’un élément ou objet conducteur qui permet aux deux mondes de se rapprocher (la maison de Kayako dans Ju-On, la VHS de Sadako dans Ring, l’eau dans Dark Water ou encore les miroirs dans un bon nombre d’adaptations cinématographiques). Dans Over Your Dead Boby, la scène est l’élément qui mélange les deux mondes, celui des yûrei et des yôkai avec le quotidien stressant des membres de la troupe contemporaine qui jouent une pièce filmée, celle que le public admire. Cherchant sans cesse quel point de vue adopté, le·la spectateur·trice suit alors des protagonistes qui ignorent où se trament les événements. Dans leur tête, sur les planches, ou dans leur réel ? Telle une fissure entre deux univers, la scène devient un lieu hors du temps et de l’espace où les mystérieux événements qui s’y déroulent appartiennent à la fois à la légende d’Oiwa et à sa malédiction, toujours d’actualité. Soumis·es à un stress intense, les comédien·ne·s vont doucement perdre leur objectivité face à ces fantasmes. Interpréter le rôle d’un fantôme apparaît alors comme une possession voulue, un moyen d’appeler ce dernier ou bien de réveiller des sentiments enfouis au plus profond de soi ? Continuant à inspirer le J-horror dans son ensemble, le personnage d’Oiwa est l’un·e des fantômes les plus connu·e·s du folklore nippon. Esprit vengeur habillé de blanc, aux cheveux longs et cachant son visage meurtri, Oiwa est l’une des ancêtres de Sadako, Kayako et de bien d’autres protagonistes fantomatiques féminins de l’horreur japonaise…


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