Le Secret de la chambre noire est un drame fantastique franço-belgo-japonais réalisé par Kiyoshi Kurosawa et sorti en 2016 – connu pour ses nombreux chefs d’œuvres situés entre fantastique et horreur lente tels que Kaïro (2001) ou encore Charisma (1999).
Photographe de renom, Stéphane a un rêve : capturer l’éternité. Pour cela, les temps d’exposition à la caméra sont longs et fatigants pour sa fille, Marie qui demeure son modèle favori après le suicide de sa femme. Il décide de prendre un nouvel assistant, Jean. Celui-ci entrera progressivement dans le quotidien et l’intimité de Marie et de son père.
Je voulais vraiment faire un film d’horreur en tant que film de genre qui serait tourné en Europe. C’était l’idée de base […] ces films d’horreur européens – j’en ai beaucoup vus quand j’étais très petit, je devais avoir dix ans avant même que je prenne conscience que j’étais un cinéphile […] qui m’ont énormément influencé. Donc je pense que c’est mon rapport au cinéma en soi qui est probablement concentré dans ce film. […] Quand on dit film d’horreur fantastique français, film d’horreur qui plus est, je pense que de manière naturelle je ne pouvais pas aller vers autre chose […]. Au début, moi, je pensais à faire quelque chose qui se rapproche plus du « gothic horror » anglais mais c’est vrai que ces films-là se passent à des époques anciennes […] alors que là dans Le Secret de la chambre noire, il ne s’agit pas du tout d’un film historique […] on est complètement dans le monde contemporain, parsemé d’éléments pour lesquels on a l’impression que le temps s’est arrêté. (Kiyoshi Kurosawa pour ARTE Cinéma)
Une histoire d’amour – entre le photographe et sa photo, le père et sa fille, Marie et Jean – magnifique et contemporaine. Comme à son habitude, l’horreur de K. Kurosawa s’insinue lentement d’une manière à la fois douce et éphémère. On ressent dans ce film la présence fantasmagorique à la japonaise, tout dans la légèreté entre la réalité et l’illusion. Un entre-deux éthéré typiquement nippon qui place les morts et les vivants à l’intérieur d’une bulle de ressentiments et d’émotions puissantes qui perdurent dans le temps et l’espace et font tomber le voile existant entre les mondes. Des plans dignes de ceux de Kaïro qui rendent magiquement bien avec l’ancien manoir français – le parquet qui grince ajoute du tonus à la lenteur de l’action lors des scènes de mouvements solitaires des personnages – où se déroule la majeure partie de l’action, doublés d’une bande originale douce et profonde qui transporte le spectateur dans une dimension qui se situe entre le rêve et le cauchemar. Qui est vivant ou mort ? Où commence la réalité ? Et surtout, est-ce vraiment cela l’important ?

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