10 films cultes du mouvement giallo

Né durant les années 1960 en Italie, le giallo est un courant cinématographique qui s’inspire d’une collection de romans policiers italiens publiés par les éditions Mondadori à partir de 1929. Il s’est fortement développé par la suite et a contribué à la naissance de grands classiques ainsi qu’à la reconnaissance de nombreux réalisateurs qui vivaient jusqu’alors dans l’ombre, tels que Dario Argento et Mario Bava.

Ce courant – également connu sous le nom de spaghetti thriller – est caractérisé par un étonnant mélange de thriller, d’horreur, et de slasher. En outre, les bandes-originales de ces films sont devenues aussi importantes que les œuvres elles-mêmes. Voici quelques films parmi les plus marquants du giallo :

Le Tueur à l’orchidée, Umberto Lenzi, 1971

Dans la ville de Rome, un serial killer attaque des femmes et signe ses crimes en déposant une demi-lune en argent dans les mains de ses victimes. La police ainsi qu’une femme ayant échappé de peu au tueur décident d’enquêter dans la plus grande discrétion.
Avec ce film, Umberto Lenzi se spécialise dans le giallo en suivant les caractéristiques mises en place par des cinéastes comme Dario Argento. Il crée ainsi un thriller plutôt efficace malgré quelques confusions scénaristiques. Cependant, la musique de Riz Ortolani (que l’on connaît entre autres pour sa bande-originale de Cannibal Holocaust) et la qualité des scènes, permettent au film d’acquérir une bonne notoriété.

Baiser macabre, Lamberto Bava, 1980

Un agent de police surprend sa femme avec son amant. En rentrant chez lui, une violente dispute éclate. Un peu plus tard, la femme est retrouvée morte sous la douche. Il devient évident que le suspect numéro un est son mari. Une criminologue du nom d’Anna Berardi le pense innocent et mise plutôt sur l’œuvre d’un tueur psychopathe.
Lamberto Bava suit les pas de son père, Mario Bava, connu du grand public pour ses œuvres telles que Une hache pour la lune de miel (1970) ou encore Baron Vampire (1972). Scénariste de formation, on retiendra notamment ses nombreuses collaborations avec Dario Argento. Bien que commandé par la télévision italienne en tant que série, Lamberto Bava décide de faire de Macabro un long métrage et offre une dimension du giallo moins basée sur l’horreur mais plus accentuée sur le côté policier à la Hitchcock (comme a pu le faire son père dans beaucoup de ses films). Cependant, malgré un travail de l’image très poussé et fort bien réalisé, le film marque, comme beaucoup d’autres à partir des années 1980, la fin du cinéma d’horreur italien.

Horreur dans la nuit, Aldo Lado, 1971

Un journaliste est déclaré mort par les médecins avant d’être transporté vers la morgue. Cependant, il demeure conscient malgré l’arrêt de son cœur et son incapacité à réaliser le moindre mouvement. Il prend alors le rôle de narrateur afin de retracer les événements qui l’ont mené à cet état.
Inspiré du cinéma de Roman Polanski, Horreur dans la nuit est le meilleur film de la carrière d’Aldo Lado. Mélangeant l’horreur et la politique, l’atmosphère onirique qui nous transporte dans cette œuvre est sublimée par la musique d’Ennio Morricone. Rien n’est laissé au hasard, d’une manière intelligente, le réalisateur instaure une véritable tension qu’il fait perdurer tout au long du film.

La Maison près du cimetière, Lucio Fulci, 1981

Un historien new-yorkais a pour mission de poursuivre les recherches de son ancien collègue qui s’est suicidé dans une villa ayant appartenu autrefois à un médecin connu pour ses expérimentations peu conventionnelles sur le corps humain. Il y emménage avec sa femme et leur fils, malgré les avertissements d’une mystérieuse petite fille.
Ce film, de l’un des grands maîtres de l’horreur italien, est considéré comme l’œuvre la plus marquante de sa filmographie, voire la plus horrifique et la plus troublante, et ce malgré des critiques fortement négatives à sa sortie. Lucio Fulci clôt ainsi le chapitre de sa Trilogie de la Mort qu’il avait construit avec les films Frayeurs de 1980 et l’Au-Delà de 1981. On retrouve ici outre le côté monstrueux et horrifique, un sujet qui lui tient à cœur où la rationalité de l’âge adulte prévaut sur l’innocence de l’enfance.

La Dame Rouge tua sept fois, Emilio Miraglia, 1972

Dans un vieux château germanique, le fantôme d’une femme habillée de rouge apparaît tous les cent ans et revient maudire la famille Wildenbruch. La date fatidique approchant à grands pas, Martin, l’un des descendants de cette famille, a entendu parler de cette rumeur terrifiante et craint le pire…
La Dame Rouge tua sept fois est un film particulièrement aimé par les amateurs du genre, bien que peu apprécié par les critiques et considéré comme un film de série B. Similaire voire lié à son film précédent, The Night Evelyn Came Out of the Grave, cette œuvre atypique de Miraglia mêle brillamment l’inquiétude au surnaturel. Un film qui mérite d’être vu.

Six femmes pour l’assassin, Mario Bava, 1964

Dans un atelier de haute couture réputé, un tueur masqué sème la terreur. Des secrets refont surfaces mettant la police sur de fausses pistes.
Mario Bava est le fondateur du genre giallo, Six femmes pour l’assassin est sans doute l’une des plus grandes inspirations pour les autres réalisateurs de ce courant, voire même pour les plus contemporains. Songeons aux films du mouvement « slasher » émanant des années 1980, et mettant en scène des tueurs en séries. Il s’agit là d’un film qui a codifié les règles du giallo avec une certaine méticulosité dans la mise en scène jusque-là peu exploitée. Un film à la fois brillant et imperturbable !

La Fille qui en savait trop, Mario Bava, 1963

L’Américaine Nora Davis débarque à Rome pour rendre visite à une vieille tante, qui malheureusement meurt dès son arrivée. Par la suite, elle se fait agresser et croit assister à une scène de meurtre. Elle se réveillera quelques heures plus tard à l’hôpital en racontant un récit qui ne semble pas plaire à tout le monde…
Ce film à l’allure hitchcockienne – le titre n’est pas sans rappeler L’Homme qui en savait trop de 1956 – nous plonge dans une ambiance atypique avec un jeu de lumière et de contraste tout le long de l’oeuvre, permettant une certaine suggestion de l’horreur sous des traits psychologiques et une violente désorientation du spectateur. Il s’agit là de l’un des premiers giallo de Mario Bava, qui était jusqu’alors plus habitué au registre gothique (Les Vampires de 1956 ou encore Le Masque du démon de 1960). Un film qui a permis à Mario Bava d’accéder à une grande notoriété.

Phenomena, Dario Argento, 1985

La fille d’une grande star de cinéma pouvant communiquer avec les insectes est envoyée dans une pension en Suisse. Somnambule de surcroît, elle assiste lors de ses crises à des crimes sans pouvoir réellement identifier le tueur.
Dario Argento offre là une œuvre cinématographique à l’ambiance énigmatique et paranormale. Il met en scène une Jennifer Connelly encore inconnue du grand public à cette époque – ce film lui permettra notamment de se faire remarquer et d’enchaîner l’année d’après avec Labyrinthe aux côtés de David Bowie – épaulée par Daria Nicolodi (l’ex-femme de Dario Argento et icône du mouvement giallo) et le grand Donald Pleasance.

Tout colle dans ce film : la bande-originale – dont une partie fut réalisée par les Goblins, groupe de rock progressif présent dans bon nombre de ses films – contenant des musiques issues du métal de l’époque semble quasi-essentielle à la construction de l’œuvre. De plus, l’atmosphère inquiétante des somptueux paysages suisses où le ciel est constamment gris et pluvieux, la mise en scène des meurtres filmée avec beaucoup de perfectionnisme (la signature d’Argento), l’apprivoisement épatant des êtres vivants (les insectes, le singe du Professeur McGregor) et la folie émanant des personnages sèment la paranoïa durant tout le long de l’œuvre. Les visions psychédéliques voire visionnaires de la protagoniste principale accentuent le caractère onirique et original de l’œuvre, contrairement à d’autres grands classiques du mouvement giallo. En somme, même s’il est bien moins considéré que ses autres films, il demeure sans doute l’une de ses plus grandes réussites.

Mais… qu’avez-vous fait à Solange ?, Massimo Dallamano, 1972

Dans la ville de Londres, alors qu’un enseignant entretient une relation secrète avec l’une de ses élèves, une série de meurtre vise des étudiantes qui semblent avoir un point commun avec une jeune femme prénommée Solange.
Massimo Dallamano – connu pour ses qualités de techniciens sur les western spaghetti de Sergio Leone – s’est positionné ici comme un réalisateur à part entière. En plus de mêler finement l’énigmatique et le thriller dit scolaire (mettant en scène les jeunes filles d’un internat londonien), il soulève des sujets délicats et encore très controversés pour les années 1970. Un film avec une histoire cohérente et crédible bien que sous-estimé par nombreuses critiques cinématographiques, lui reprochant la présence de nombreux personnages caricaturés et peu convaincants. C’est justement en choisissant des acteurs encore peu connus à l’époque que Dallamano a décidé de miser son œuvre sur la sensibilité et la dévotion pour en faire un film peu commun. La musique d’Ennio Morricone rend efficace l’intrigue et ajoute un côté dramatique à l’œuvre. L’un des plus beaux films du mouvement giallo !

L’Oiseau au plumage de cristal, Dario Argento, 1970

Un écrivain américain se retrouve en Italie afin d’y chercher son inspiration perdue. Un soir, il est témoin d’une agression dans une galerie d’art. Néanmoins incapable de venir en aide à la victime, il se décide d’enquêter par lui-même.
Dario Argento est le grand maître incontesté de l’horreur à l’italienne et du giallo. Premier film du réalisateur, L’Oiseau au plumage de cristal fait partie des films fondateurs du mouvement. Il s’agit là du premier film de la Trilogie Animale d’Argento, où se suivront Le chat à neuf queues et Quatre mouches de velours gris, tous deux de 1971. Avec sa mise en scène unique et inédite, Argento joue avec le spectateur et en fait un acteur à part entière en tirant sur l’insécurité de ce dernier et le sentiment d’être soit l’épié soit le voyeur, un processus qu’il exploitera plus tard avec son film Opéra de 1985. Un film à regarder plusieurs fois pour ses nombreux indices occultés lors du premier visionnage mais pourtant bien présents et menant à un twist final saisissant. Sans nul doute, le film le plus important pour le réalisateur mais également pour le courant giallo.

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